
Langkara qui décrit ce qui constitue les qualités, la beauté et le costume
d’un jeune Javanais.
« Un jeune homme de naissance noble se reconnaît à sept points
» indispensables. Le premier, il faut qu’il soit de bonne famille; le
» second, il doit avoir de l’intelligence ; le troisième, il doit être en état
» de se conduire soi-même; le quatrième, il doit se ressouvenir des ins-
» tructions du Sastras; le cinquième, ses vues doivent être grandes; le
>s sixième, il observera sa religion; le septième, il doit pratiquer sans
A hésiter les qualités qu’il possède.
«Son coeur et son esprit doivent être calmes et tranquilles, il saura
» reprimer ses passions et se taire quand il le faut ; jamais il ne peut
» dire une fausseté; il ne doit point craindre la mort; il doit être sans
» orgueil dans sa dévotion et secourir les malheureux.
» Il exécutera promptement ce qu’il entreprend, pénétrera douce-
» ment les pensées et les intentions des autres; il doit être discret,
» intelligent et actif. Lorsqu’il rencontre un homme instruit, il doit s’at-
»- tacher a lui comme à un ami et ne point le quitter avant d’en avoir
» acquis tout ce qu’il a été possible d’apprendre.
» Aussi long-tems qu’il vivra, il doit avoir la soif de connaissances,
» il doit toujours se conduire de manière à éviter le mal. Sa mémoire
» doit etre claire et distincte, son langage doit être doux et cultivé.
» Son aspect et sa taille doivent être sans défaut. Sa contenance doit
» etre douce, et semblable à celle de Batara Asmara, le dieu de l’amour,
» quand il descend sur la terre. Lorsqu’on le regarde, il doit faire naître,
» ‘ Cette pensée : combien il doit être grand dans la guerre !
» Les formes de son corps doivent être bien proportionnées, sa peau
»' doit ressembler à l’or natif, avant que ce métal ait été soumis à
» l’opération du feu. Sa tête sera grande, ses cheveux longs et droits,
» ses yeux se rempliront aisément de larmes, ses sourcils ressembleront
» a la feuille de l’Imbo, Son nez sera proéminent, il aura une faible
» moustache à la lèvre supérieure, ses lèvres ressembleront à l’écorce
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w fraîche du Mangoustan, ses dents seront coloriées en noir, sa poitrine
» sera large.
» Tout ce qu’il dira fera impression sur ceux qui l’entendent, les
» accens de sa voix seront agréables.
» Il portera un Chelana Chindi avec un Dodotverd foncé, sa ceih-
» ture sera d’or. Son kris aura une gaine de Satrian et une poignée de
» Tung-Gaksmi. Le Sumping ( espèce de fleur ou feuille artificielle qui
>?;' pend sur les oreilles ) sera d’or et à la manière de Sureng Peti
» ( brave à la mort : ) il portera une bague d’or, au pouce de la main
» droite. »
Nous avons donné l’extrait de ces deux passages qui nous font
connaître que si les images poétiques et l’idée de ce qui constitue la
beautéhumaine, varient surla terre en raison delà différence des climats,
de leurs productions et des races d’hommes, et font paraître bizarre à
la race européenne ce qui paraît sublime à la race malaise, les principes
de la morale et de l’équité sont immuablement gravés d’une
manière égale dans le coeur de toutes les races.
Nous reconnaîtrons aussi que ces deux passages prouvent un haut
degré de civilisation dans les siècles anciens de l’histoire de Java.
CHAPITRE XIV.
De l’Agriculture.
Dans l’île de Java l’agriculture est la principale source de l’opulence.
On calcule la richesse d’un village d’après ses productions en maliys,
en riz et sur le nombre de ses buffles. On ne paie les services rendus par
les fonctionnaires qu’en leur assignant le revenu d’une quantité de
villages, réalisé en produits. Une patente de noblesse du sultan Ha-
mangkou-Bouana porte ces mots : « soit connu aux officiers supérieurs
» de mon palais, à mes bopatis ou régents, à mes mantris ou nobles