
et ce qui est étonnant, jamais dans la caste sacrée. Le Raja de
Blelling raconta à Mr Crawfürd qu’au moment où le corps de son père,
le chef de la famille de Karang-asam fut brûlé, 74 femmes furent
immolées. En l’année 1813, il j eut 20 femmes qui se sacrifièrent
volontairement sur le bûcher de Wayahan Jalanteg, autre prince de
la même famille.
Un hollandais qui était à Bali en i633, raconte qu’arrivé chez
le prince de Gelgel qui paraît avoir été à cette époque le seul souverain
de l’île, il le trouva dans la désolatiou à cause d’une épidémie qui
avait fait périr ses deux fils; la reine en mourut après son arrivée,
son corps fut brûlé hors delà ville, avec 22 de ses esclaves femelles.
Voici les détails de cette horrible cérémonie. Lé corps fut porté hors
du palais par une ouverture faite à la muraille à la droite de la
porte, dans la crainte superstitieuse du diable qui se place dans l’endroit
par lequel le mort est sorti. Les esclaves femelles, qui étaient destinées
à accompagner l’âme de la reine marchaient en avant selon leur rang,
elles étaient soutenues chacune par une vieille femme et portées sur
des litières de bambou : après qu’elles eurent été placées en cercle,
cinq hommes et une à deux femmes s’approchèrent d’elles, leur
ôtèrent les fleurs dont elles étaient ornées. De tems en tems, on
faisait voler des pigeons et d’autres oiseaux pour marquer que leurs
âmes allaient bientôt prendre leur essort vers le séjour de la félicité.
Alors elles furent dépouillées de tous leurs vêtemens, excepté dé
leurs ceintures, quatre hommes s’emparèrent de chaque victime, deux
leur tenaient les bras étendus et deux autres tenaient les pieds,
tandis que le cinquième se préparait à l’exécution.
Quelques-unes des plus courageuses demandèrent elles-mêmes le
poignard, le reçurent de la main droite, le passèrent à la main gauche
en l’embrassant, elles se blessèrent le bras droit, en sucèrent le
sang, en teignirent leurs lèvres et se firent avec le bout du doigt une
marque sanglante sur le front; elles rendirent l’arme aux exécuteurs,
DE LA RELIGION DE BALI. a g i
reçurent le premier coup entre les fausses côtes et le second sous
l’os de l’épaule, l’arme étant dirigée de manière à se porter vers le
coeur. Lorsque les horreurs de la mort furent visibles, on leur permit
de se mettre à terre, elles furent dépouillées de leurs derniers
vêtemens et laissées totalement nues. Leurs corps furent ensuite
lavés, recouverts de bois, mais la tête seule était restée visible et
l’on mit le feu au bûcher.
Le corps de la reine arriva, il était placé sur un magnifique badi
de forme pyramidale, consistant en onze étages et porté par un
grand nombre de personnes d’un haut rang. De chaque côté du corps
il y avait deux femmes ,- l’une tenant un parasol et l’autre un évantail
pour chasser les insectes. Deux prêtres précédaient le badi, dans des
chars d’une forme particulière, tenant dans une main des cordes qui
étaient attachées au badi , pour faire entendre qu’ils conduisaient la
défunte âu ciel et dans l’autre main une sonnette, tandis que les gongs,
les tambours, les flûtes et les autres instrumens donnaient à la
procession plutôt un air de fête que de funérailles.
Lorsque le corps de la reine eut passé devant les bûchers qui étaient
sur la route, on lé déposa sur celui qui lui était prépai'é qui fut
aussitôt enflammé, on y brûla la chaise, le lit et généralement tous
les meubles dont la défunte avait fait usage.
Les assistans firent ensuite une fête, tandis que les musiciens exécutaient
une mélodie qui n’était pas tout-à-fait désagréable à entendre. On sé
retira le soir, lorsque les corps eurent été consumés et on plaça des
gardes pour conserver les ossemens. * y
Le lendemain lés os de la reine furent reportés à son habitation avec
une cérémonie égale à la pompe du jour précédent. On y porta chaqué
jour un grand nombre de vases d’argent, de éuivrë et de terre remplis
d’eau; une bande de musiciens et de piqueurs escortait lés porteurs,
précédée de deux jeunes garçons tenant des rameaux verds et d’autres
qui portaient le miroir, la veste, la boîte de bétel et d’autres êffets