
320 ANAT.-cth Dis LA GUERRE SACRÉE.
corps de son mari parmi des monceaux de morts, à chaque instant
elle croit l’avoir trouvé, elle s’est trompée.
6o3. Fatiguée d’une inutile recherche, désespérant de trouver celui
à qui elle avait obéi, la princesse tire son poignard, elle veut se frapper
elle-même, son coeur est dévoué à son époux, mais le Tout-puissant
lui envoie un trait de lumière, et lui inspire la force et le désir de
renouveller ses recherches.
6o4- Cependant son char s’est arrêté au milieu des fleurs, un tonnerre
murmurant paraissait pleurer, une pluie fine tombait comme des
larmes de douleur à cause de la mort du prince, des traces conduisent la
princesse jusqu'à ce qu’elle aperçoit le corps de Salia ; on dirait qu’il
la regarde et qu’il lui jette un coup d’oeil en serrant les dents.
605. Elle saisit aussitôt ses pieds maintenant inanimés qui se
sont échappés de son lit : elle presse, elle embrasse le cadavre, elle
en teint les lèvres avec du siri, elle soutient la tête dans la courbure de
ses bras, elle essuie le visage avec sa robe, mais les yeux ne voient
plus, elle panse la blessure.
606. Ah ! « dit-elle, ah ! mon meilleur ami, enfin je te retrouve, mais
» tu ne me parles plus? Ne parleras-tu plus à celle qui vient te chercher
» en ce lieu ? Qui fera maintenant mon bonheur ? Malheureuse que
» je suis?. Je me suis épuisée à te chercher, tu refuses de me regarder ?
» Mes pleurs ne pourront-elles t’émouvoir ? Parle, parle-moi au lieu de
» conserver ce sourire immobile.
607. » Quoi ! tu ne m’entends plus ? Reviens vite, parle, rends la joie à
» mon coeur. » C’était ainsi qu’elle adressait à ce corps inanimé, des
paroles plus douces que le miel, c’était envain. « Pourquoi, dit-elle,
» m’as-tu quittée pendant que je dormais ? Pour chercher la mort et
» pour aller vers les régions supérieures ? Mais je te suivrai. »
608. « Je désire que tu me conduises au point fatal, ô mon ami;
» tremblante et craintive, je ne puis le passer sans toi. Sans doute tu
» commandes à un grand nombre de Widadaris, réserve-moi une place
ANALYSE DE LA GUERRE SACRÉE. 3 2 1
» au-devant d’eux, tes regards seront pour celle qui te suit et qui va
» mourir après toi. »
(Mesure Basanta Tilaka)
609. Le récit de ce que disait Satia serait trop long ; elle était
opprimée du poids d’un chagrin aussi lourd qu’une montagne.
¿10. Elle voulait chercher la mort d’une main assurée; elle prend
son poignard, le tire du fourreau, l’arme brille, elle l’ensévelit dans le
sein. L’or n’est pas plus brillant que le sang qui sort de sa blessure.
611. Elle ne meurt pas à l’instant, mais d’une voix expirante elle
appelle Sagandika, et lui dit : a ô ma fidèle et ancienne amie, retourne
» à Mandaraka, dis au peuple que pour dernière demande, je désire
» qu’on se souvienne de l’histoire de mes souffrances.... Peut-etre des
» coeurs généreux seront attendris à ce récit, et répandront des larmes...»
614« « O ma maîtresse,répondit Sagandika : quoi! faudrait-il te quitter
» pour toujours? Dans quel état me laisses-tu, je veux te suivre, qui
» te servirait, qui laverait les pieds de ma noble maîtresse si je n’étais
» plus avec elle?....»
’ 617. La malheureuse suivante pleure, le chagrin l’accable, elle ôte
l’arme du sein de sa maîtresse, se frappe et expire à l’instant aux pieds
du corps gissant de la princesse.
618. Aussitôt leurs âmes heureuses sortent de ce monde. L’esprit
étonné du prince Salia dit à sa femme : « Je t’attendais avec impatience
» dans les nuages, au milieu d’un grand nombre de Widadaris, de Pandita
» et de Dewas.
619. Il prend la princesse dans ses bras, il la mene vers la route qui
conduit au ciel, ils y arrivent et en admirent la beaute. Les édifices
sont de soie, ils brillent de pierres précieuses.
620. La princesse se réjouissait à la vue de l’abondance des mets ; la
bonté du Tout-puissant est inépuisable envers le genre humain....
621 - 624* ( Les Pandawa apprennent que Souyoudana est au milieu
de la rivière, ils se divertissent à cette vue, Bima le traite de poltron,