
.2 5 4 CHAPITRE X X X X IX ,
expulsa les Hollandais de l’île de Formose, envoya un prêtre dominicain
à Manille en qualité d’ambassadeur, pour sommer les Espagnols
à se reconnaître son tributaire, ceux-ci rappellèrent leurs troupes de
Ternate et de Mindanao, prirent des mesures pour s’assurer de
l’obéissance de la population chinoise ; la mort soudaine de Coxinga
les délivra du danger dont la colonie était menacée, car cent mille
hommes de troupes chinoises, accoutumés à vaincre devaient l’attaquer.
En 1709 tous les Chinois furent chassés des Philippines, on les
accusait de complots et de monopole. Malgré les édits d’expulsion, les
peuples de cet empire ne cessent de pénétrer à Manille.
Les peuples du Japon établirent aussi des relations de commerce
avec les îles Philippines. En i 5go l’empereur du Japon réclama les
droits de vasselage : le gouverneur espagnol agit avec prudence, éluda
la réponse en promettant des encouragemens au commerce; peu de
tems après, l’empereur mourut ; l’exécution des projets hostiles de ce
monarque n’eut point lieu.
Cependant en 1606 les Japonais établis à Manille voulurent se révolter,
la plupart des colons de cette nation avait embrassé la religion chrétienne
, les pretres les firent rentrer dans le devoir par la persuasion.
En 162g le gouverneur de Nangasaki envoya une ambassade à Manille;
depuis cette époque l’on ignore ce que devinrent les descendans des
Japonais aux îles Philippines, leur gouvernement ayant proscrit le
christianisme et toute relation maritime avec l’étranger.
Les Espagnols des Philippines essayèrent en 1628, 1629, 1637, 1645
et 1751 de faire la conquête des îles de Soulou, ils lurent repoussés
par les mahométans, ils essayèrent cinq fois de faire la conquête des
Moluques sur les Portugais et ensuite sur les Hollandais, ils échouèrent
entr’autres en i 58a et en 1716.
La seule attaque redoutable des îles Philippines par des forces
européennes, fut 1 expédition des Anglais. 23oo hommes étaient partis
de Madras sur sept vaisseaux de guerre au mois de septembre 1762;
ils débarquèrent en plein jour, assiégèrent Manille et s’en emparerent
le six octobre, la citadelle se rendit ensuite, la ville entière fut
livrée au pillage pendant 24 heures, et la vie des habitans fut rachetée
pour un million sterling. Les Anglais avaient formé le projet de cette
expédition dans l’espoir de trouver plusieurs millions à Manille, leur
espoir fut déçu.
-CHAPITRE L.
De la Langue javanaise.
Nous avons terminé tout ce qui concerne le commerce, l’histoire et
le gouvernement, nous parlerons des langues diverses de ces peuples.
Les Européens se sont apperçu dès les premiers tems de leur
établissement, que la langue javanaise est supérieure aux autres langues
de ces contrées; elle a le plus grand rapport avec celles du continent
de l’Inde. Valentyn publia sur l’autorité de Flaccourt et sur celle du
Portugais Jean de Barros, qu’il y a la plus grande ressemblance de
langage depuis Amboine jusqu’à Madagascar. «II n’y a pas de doute,
» ajoute-t-il, que les Javanais aient visité les côtes de Malabar et de
» Coromandel, car le langage de la cour est en grande partie dérivé
» du sanscrit ou braminique, plusieurs mots malabarais entrent dans
» sa composition, principalement les mots du Dekan qui est 1 ancienne
» langue vulgaire de l’Inde, de la même manière que le sanscrit en est
?) la langue sacrée. »
L’alphabet javanais est formé d’après le sanscrit, il y a vingt consonnes
et six voyelles : celles-ci ne sont que des signes orthographiques comme
dans l’arabe, voici les consonnes : h, n, ch, r, k, d, t, s, w, 1, p,
d, j, y, nia, m, g, b, t, ng. On écrit de gauche à droite, -chaque
consonne (aksara) est écrite séparément, selon le modèle de la planche
35. On se sert d’encre fabriquée dans le pays, quelquefois on emploie
du papier de Chine ou d’Europe, quelquefois des feuilles de lantoor,
dont nous avons parlé, que l’on coupe en parallélogrammes très-alongés,
et enliassés à la façon des manuscrits de l’Indostan.