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conquête des terres possédées par les ennemis de dieu et du prophète,
elle défend d’en rétrocéder la moindre partie, c’est par ce précepte que'
l’étendard de Mahomet a été transplanté de proche en proche, depuis
Médine jusqu’à Constantinople et flotterait peut-être aujourd’hui sur les
ramparts de Vienne, si nous n’avions point sur les musulmans l’énorme
supériorité des sciences et des arts. Une telle loi peut-elle convenir
aux sujets de nos possessions? '
Le christianisme, au contraire, non pas cette espèce d’idolâtrie
qui est prêchée dans les cachots de l’inquisition , mais cette foi
bienfaisante, simple et consolante dont l'évangile renferme les dogmes,
élève les hommes au-dessus des superstitions ; sa morale repousse=
tout précepte absurde quelconque; le christianisme s’adapte à tous
lés usages , à tous les tems , à tous les gouvernemens et à tous les
climats ; partout il fait trouver des frères indistinctement parmi les
chrétiens et les infidèles, loin d’interdire le développement de l’esprit
humain, il l’encourage, il l’ordonne, puisque l’homme, créé à l’image
de dieu, est né pour le travail; les vérités de la morale chrétienne
sont des maximes de la plus pure philosophie; un Socrate, un Platon
les auraient proclamées, s’ils étaient nés quatre siècles plus tard; ils
seraient au nombre des pères1 de l’église, puisque les premiers
chrétiens pensaient unanimement que Socrate est parmi les bienheureux *
dans le ciel. Chaque ligne de l’évangile tend à rendre l’homme
meilleur, lui commande l’obéissance au prince qui gouverne, sans
s’informer de sa croyance, de ses vertus et de ses vices*
Parmi les actes religieux que les chrétiens doivent répéter chaque
jour , nos sages admiraient le chef-d’oeuvre si intelligible, si sublime qu’on
appelle l’oraison dominicale, si cette prière n’était point vulgaire
dans la bouche de tous les chrétiens; elle prescrit entr’autres trois
choses qui nous garantiraient la soumission des peuples de l’archipel
indien, savoir : la résignation la plus passive à la volonté divine par ces
mots : que votre volonté soit faite; l’amour et l’obligation du travail'
ÉTAT DU CHRISTIANISME. ¿ 9 ^
par la demande du pain de chaque jour, et surtout l’oubli lé plus
entier des injures, puisque les chrétièns offrent cet oubli même pour
condition expresse du pardon de leurs propres offenses envers la;
divinité. Aucune religion ancienne ou moderne ne présente un code
de morale plus court, plus complet, plus positif, plus facile à retenir!
en totalité et en même Items plus exécutable par tous les hommes
sans exception, quelque soit leur degré d’intelligence.
A laquelle des deux religions le philosophe le plus étranger à
nos opinions donnerait-il la préférence,, pour s’assurer de l’entière
soumission et de l’attachement des peuples de l’arehipel indien? La!
réponse est si évidente en faveur du christianisme, qu’il n’est pas
nécessaire de la prononcer.
On objectera que si les* Indiens devenaient chrétiens, ils seraient
bientôt initiés aux lois et aux intérêts de l’Eürope et l’on ne pour-,
rait plus les contenir dans cette obéissance aveugle que la politique et
le commerce exigent pour l’intérêt de l’Europe; on citera pour preuve
la Nouvelle-Angleterre, les possessions espagnoles et l’île■ de Sl-
Domingue. Nous répondrons que les établissemens d’Amérique ont
été formés par des Européens, dont les familles habitent encore la métropole,
tandis que nos possessions des Indes-Orientales ne sont peuplées'
que par des habitans étrangers à l’Europe. Ainsi il n’y a aucune;
comparaison entre les possessions d’Amérique et celles de l’archipel
indien. Si nous administrons nos établissemens d’outremer avec équité, ?
lès peuples ne chercheront jamais à se détacher de la métropole ■;
parce que la balance du commerce entre l’Inde et l’Europe est a 1 avantage
de l’Inde, et que les Européens n’ont point les caprices fantastiques
des princes de l’Asie. En devenant chrétienne, la race malaise
qui est inférieure à la nôtre par sa constitution physique et morale ,
serait comparativement aux fonctionnaires européens et aux grands
propriétaires coloniaux de race européenne, dans la position des serfs
du nord relativèoeent à leurs boyards*