
Le poisson de rivière n’est pas aussi abondant que celui de mer, il est
d une qualité' inférieure , la peche n’en est pas aussi commune par
conséquent \ on les prend de diverses manières ; tantôt avec des filets
tantôt par des plantes narcotiques.
Le poisson est un article considérable de commerce, l’on préfère
le poisson salé à celui qui est nouvellement péché. La salaison consiste
a reunir une quantité de petits poissons mous, tels que les langoustins, que
l’on fait fermenter et sécher au soleil, cette préparation fétide et nauséa,
bonde pour un étranger, est le meilleur assaisonnement des insulaires.
Nous terminerons cet article en disant que l’on pêche des perles
près de Banyouwang’i et sur la côte méridionale près de Nousa Kam-
bang’an, au sud ce cette île.
CHAPITRE XXIII,
Du Commerce.
Nous avons déjà démontré les avantages de la situation commerciale
de Java. Adam Smith a dit que cette île «par la fertilité de
» son sol, par la grande étendue de ses Côtes, par le nombre de ses
» rivières navigables, est la contrée la mieux placée pour le siège
» d’un grand commerce extérieur et pour l’établissement d’un grand
» nombre de manufactures dont les produits se vendraient dans les
»contrées voisines.» |
Le commerce existe dans l’archipel indien depuis la plus haute
antiquité; il est probable que les Tyriens achetaient plusieurs articles
des pays malais. Strabon en indiquant les objets importés en Égypte,
cite les clous de girofle qui proviennent exclusivement des Moluques.
Le désir d’acquérir des épiceries, qui poussait les Portugais au-delà
des mers d’Afrique animait sans doute lés habitans de l’Indostan à des
époques plus anciennes. Si le mont Ophir était à Sumatra ou dans la
presquile de Malacca, il n’y avait autrefois point de contrée.plus abondante
en or.
II est incontestable que les Arabes connaissaient ces contrées au
huitième siècle et peut-être même antérieurement; les Chinois visitèrent
ces mêmes parages à la même .epoque, selon quil est prouve
par les annales de Java. Kempfer dit que les Malais étendaient autrefois
leurs relations commerciales jüsqu a Madagascar. Jean de Barros
et Flaccourt nous informent que la langue des Madécasses est remplie
de mots javanais et malais. Des peuples qui ne connaissaient ni la
géographie ni l’art de la navigation, traversèrent l’immensité de l’océan
indien pour acquérir dans le fond de l’Orient des articles de luxe,
ces mêmes articles enrichirent l’Italie pendant le moyen âge.
Les nations de l'archipel indien sont parvenues à ce degré de civilisation
où le commerce est une profession distincte. Loin d’être un déshonneur,
les peuples.des contrées maritimes s’en glorifient; le souverain lui-
même et ses principaux officiers sont souvent commerçans. Toutes ces
nations connaissent l’usage de la monnaie. Je me souviendrai toujours
que pour les premiers articles de consommation que je voulus acheter
avant d’arriver à Java, un simple marin javanais qui vint dans son canot
au-devant de notre navire, me demanda un (apolion) napoléon; ainsi',
me suis-je dit, le nom de l’homme qui a parcouru en vainqueur toutes
les capitales de l’occident, qui est maintenant confiné au milieu de
l’Océan Atlantique, est vulgaire presqu’aux antipodes de la France.
L’argent monnôyé est reçu partout, il n’en est pas de meme du papier,
les bénéfices du commerce sont en général considérables ainsi que
cela arrive toujours dans les contrées où l’intérêt de l’argent est fort
élevé. Les Chinois qui demeurent à Java prêtent sur de bonnes
garanties à 12 pour 100, il n’est même pas rare qu ils demandent le
double de cet intérêt.
Les hommes, surtout à Java, se mêlent peu de commerce, les femmes
sont les uniques marchandes. Les plus hautes. opérations commerciales
sont dans les'mains des étrangers, surtout des Hindous, des Chinois,
des Arabes et des Européens.