
2 CHAPITRE I ,
çants: ils sont toujours noirs, ce qui est un caractère general des races
de l’Asie australe. Toute autre couleur des yeux est une monstruosité.
Les cheveux sont longs, noirs et rudes. Les mains et les pieds sont moins
développés que parmi nous ; cependant, comme les doigts du pied ne
sont presque jamais génés par la chaussure ils s’écartent un peu en
éventail et acquièrent la souplesse que i’oq remarque dans les mains de
derrière des quadrumanes.
Les prêtres musulmans portent la barbe à l’imitation des imans
arabes; le reste des Indiens se l’arrache dans l’adolescence, elle repousse
quelquefois en grisonnant, dans l'âge avancé.
La couleur de l’épiderme varie selon lés nations, le climat n’entre
pour rien dans ces variétés. Les Battaks de Sumatra sous l’équateur sont
les plus beaux individus de cette race, ainsi que les Dayaks, cannibales
de Bornéo. Les Javanais qui habitent à 6 degrés de la ligne sont les
plus basannés.
Une jeune Insulaire, pour être parfaitement belle, doit avoir le teint
de couleur jaune d’or; ainsi tandis qu’un poëte d’Europe vante la blancheur
du sein de sa maîtresse, le Javanais compare la sienne au plus précieux
des métaux. L’on a inventé pour ces beautés indiennes des pommades
et des eaux cosmétiques qui donnent à la peau une couleur jaunâtre.
D’après cette description l’on jugera que la race tannée de l’archipel
indien est fort différente de la nôtre; c’est donc sans motif, que nos
dessinateurs leur donnent les proportions européennes. Lé Javanais de
la basse classe, la bayadère et le chef Javanais qui sont représentés sur
les trois premières planches de cet ouvrage nous en donnent la preuve.
Plusieurs individus de cette race seraient remarqués en- Europe ;
c’est ainsi que parmi nous le lys et l’hémérocale quoique différens de
couleur et variés dans leurs formes, ont des qualités qui les font admirer,
même en les comparant.
Les peuples de la race tannée sont aussi susceptibles que nous de
développer leur intelligence. Ils sont actifs, laborieux, industrieux,
agiles : ils ajoutent souvent à ces qualités im esprit rusé et vindicatif.
HABI.TÀNS. 3
La race tannée de Java et de Sumatra semble dériver des peuples de
Siam et d’A va. vers le nord-ouest des îles de la Sonde; ils difïèrènt beaucoup
des Chinois et des autres peuples voisins de la Chine. Le docteur
Buchanam dans son ouvrage sur l’Empire des Birmans, prétend que
les insulaires de race tannée proviennent du continent de l’Asie, il les
fait descendre des Tartares: pour prouver son opinion, il ne jette point
ses regards sur les Javanais et les autres peuples civilisés de l’archipel
indien, mais sur les peuples de la partie orientale, où l’homme est presque
dans l’état de nature
L’histoire ne nous indique point l’époque où ces transmigrations
auraient eu lieu. Mr Crawfurd pense que l’opinion du Dr Buchanam n’est
point admissible. Nous nous abstiendrons de pousser plus loin nos
recherches sur cet objet, parce que de semblables discussions n’appartiennent
pas au cadre de cet ouvrage.
Il y a quatre grandes variétés de la race tannée; tandis que dans no9
climats tempérés de l’Europe, la nature s’est bornée à ùne seule espèce
d’homme, elle en a formé plusieurs sousl’équateur: il semble qu’elle multiplie
avec prodigalité toutes ses opérations dans ces climats toujours
échauffés par un soleil ardent. Le centre respectif de chacune des quatre
variétés de la race tannée se trouve à Sumatra, à Java, à Célèbes et
aux Philippines. Nous ne parlerons point de cette quatrième variété,
parce que l’archipel des Philippines qui appartient aux Espagnols \ est
trop loin du théâtre des observations de Mr Railles et Crawfurd.
Les Insulaires de Sumatra (première variété) portent spécialement
le nom de Malais: leur domination s’étendit jadis jusques sur les îles
Moluques. Leur capitale était à Menang-Kabou ; ils sont entreprenans et
presque tous marins et commerçans: ils peuplèrent la plupart des côtes
de l’archipel indien ; leur nom et leur langage sont communs aujourd’hui
aux habitans des principaux ports de mer.
Les Javanais, (seconde variété) habitent de préférence l’intérieur des
terres, ils s’adonnent à l’agriculture ; ils aiment la vie sédentaire et diffèrent
des Malais par le langage.