
2 8 8 CHAPITRE L X I ,
IJ y a des objets purs et impurs. Le Niti Sastra recommande aux
personnes de distinction de ne point manger de chiens, de rats, de
serpens, de lézards ni de chenilles.
Les anciens Javanais croyaient à la transmigration des âmes, et
par conséquent aux récompenses et aux peines d’une vie future ; mais
de tous les principes de la religion des Indous, les pénitences, les
austérités et le sacrifice de la veuve sur le bûcher de son mari, sont les
seuls qUe les anciens Javanais paraissent avoir porté à l’excès.
CHAPITRE LXI.
Dé la Religion de Bali.
L’île de Bali est la seule ou le culte de l’Inde se soit conservé,
la masse de la nation est de la secte de Siwa, il y a peu de bouddhistes
parmi eux. Les sectateurs de Siwa sont divisés comme dans l’Inde
occidentale en quatre grandes castes : les prêtres, les soldats , les
marchands et les esclaves, ces castes sont appelées respectivement
Brahmana, Satriya, JVisiya et Soudra.
Les Bramines disent que le dieu Brahma produisit les Bramana de
sa bouche et leur donna sa sagesse, les Satriya de sa poitrine et leur
donna sa force, les Wisiya de son ventre et leur donna les moyens
d’alimenter la société, et les Soudra de ses pieds pour les destiner à
la servitude et à l’obéissance. Les institutions des castes sont appelées
Chatour-Jalma. Les individus des castes supérieures peuvent avoir
des concubines nées dans les classes inférieures, mais le contraire est
défendu. Ces unions forment comme dans l’Inde, des variétés de
nouvelles castes, il ne peut y avoir de mariage légal qu’entre les
personnes d’une même caste. Il y a en outre une classe appelée
Chandala, nom provenant de l’Inde : elle est impure et habite l’extérieur
des villages. Les potiers, les teinturiers, les marchands de cuir;, les
distillateurs et les vendeurs de liqueurs fortes sont de cette classe.
DE LA RELIGION DE BALI. 2 8 9
Les Bramines de Bali peuvent être considérés de véritables Indous.
Le peuple est adonné à la superstition!, il adore les élémens person-**
nifiés et les objets les plus remarquables qui l’entourent. Chaque nation
de Bali a ses dieyx tutélaires des villages, des montagnes, des forêts,
des rivières et même des personnes. Ces divinités ont des temples
que les wisiyas et les soudras fréquentent et dans lesquels les Bramines
n’officient jamais. Les prêtres de ces temples inférieurs sont appelés
Mamangkou, 1 c’est-à-dire gardiens.
Les Brahmana déclarèrent à Mr Crawfurd qu’ils n’adorent aucune
idole de la mythologie indienne. Ils sont traités avec le plus grand
respect, ils ont l’administration de la justice civile et criminelle, cet
usage est contraire à ce qui se pratique dans l’Inde où la caste
militaire occupe la magistrature. Les princes et les chefs sont ordinairement
de la caste militaire, mais cela n’est pas invariable, puisque
la caste mercantile a produit les princes de la famille de Karang-asam,
les plus puissans de l’île, qui firent récemment la conquête de l’île
mahométane de Lombok.
Les Balinais sectateurs de Siwa, adorent Mahadewa sous le nom
de Prama Siwa (seigneur Siwa) et sous les noms indiens de Kala,
Antapati> Nilakanta, Jagat-nata, et ils disent : ong Siwa Chatour Benja,
(adoration à Siwa aux quatre bras.)
Il paraît qu’il n’y a point de religieux mendians à Bali. Les actes
ridicules et extravagans de mortification, si communs dans l’Inde,
sont inconnus aux dévots de Bali, leurs pénitences consistent dans
l’abstinenée de certaines nourritures, dans l’éloignement de toute société
humaine en se retirant dans des cavernes et dans des forêts et quelquefois
en vivant dans le! célibat, mais cette dernière pénitence est fort rare.
L’usage de sacrifier la veuve sur le bûcher de son mari a lieu dans
l’île de Bali avec des excès inconnus dans l’Inde même. Les femmes,
les concubines, les esclaves et autrés serviteurs sé sacrifient, surtout
dans les castes militaires et mercantiles ; rarement dans la caste servile ,