
* 8 6 CHAPITRE X X X IX ,
On trouve beaucoup de monnaies de cuivre et de bronze ; parmi
celles apportées en Angleterre, plusieurs sont ouvertes au centre
comme les monnaies chinoises et japonaises. Enfin les restes de
l’ancienne civilisation javanaise se trouvent dans l'île de Bali, où se
réfugièrent ceux qui échappèrent à la destruction de Majapahit.
Nous pouvons conclure de ces détails, extraits en grande partie de
Mr Railles, que l’archipel indien a été comme nos contrées ¿’Occident,
la victime de l’ambition des sectaires et des conquérants, qui dans
leur orgueil se sont efforcé d’anéantir les monumens qui leur étaient
antérieurs. Si les Romains ont détruit dans nos provinces des Gaules
tout ce qui avait rapport à l’ancien culte druidique et à l’ancien langage
écrit de nos premiers ancêtres, les Indous ont agi de la même
manière à Java, il y a donc dans cette île :
i° Des monumens d’un culte et d’une domination qui dénotent
un peuple hautement civilisé .avant l’introduction du braminisme ,
antérieurement à l’ère vulgaire ; l’édifice analogue à l’ancien rit égyptien,
décrit à la page 181 , en est la preuve incontestable.'
2° Des monumens braminiques des peuples de l’Indostan qui établirent
des colonies et fondèrent une ère appelée de Salivana, commençant à
l’an 76 de l’ère vulgaire.
3° Des monumens du mahométisme, dont la loi s’établit au 14e
siècle, sur les peuples de Java.
L antique civilisation de cette île est si incontestablement prouvée
par l’histoire même du braminisme, par les deux langues qui sont
encore vulgaires, l’ancien Javan dans l’intérieur et le Malais sur les
côtes, que le fanatisme seul peut la récuser, par aveuglement.
Si les- racines dune langue pouvaient servir à démontrer l’origine
du peuple qui la parle, 011 en conclurait que les Malais sont de la
nation arabe, parce que la langue malaise est un dialecte de la langue
arabe ; tandis que les racines de la langue javanaise sont d’une autre
origine ; c’est peut-etre à l’établissement des colonies malaises, qu’il
faut rapporter l’introduction du braminisme.
CHAPITRE XXXX.
Histoire de Java, depuis les plus anciennes traditions, jusqu'à
l'établissement du Mahométisme.
Les archives des princes de Java sont déposées dans trois différens
endroits du pays ; chez le Panambaham de Sumanap, chez le défunt
Kiai Adi pati dê Demak et chez le secrétaire du Pangeran Adipati
de Sourakerta.
Il en résulte trois recueils historiques, fort différens et souvent même
contradictoires, nous les avons extraits fidèlement de Mr Railles, avec
les détails quelquefois puérils dont ces recueils sont remplis, afin de
faire mieux connaître un peuple, totalement nouveau pour les Européens
et digne de l’attention de nos savans.
Les Anglais présument que les premiers habitans de Java étaient des
Egyptiens bannis de leur patrie. Quelques-uns adoraient le soleil ,
d’autres la lune. Middlekoop est de cet avis, quoiqu’il soit plus pro^
bable que les Javanais aient des liens de consanguinité avec les peuples
de l’Indostan. On retrouve parmi eux toutes les extravagances mytho^
logiques des Indous, ce qui prouve des relations très-anciennes et on
ne voit que des rapports généraux de sabéisme entre les Javanais et
les Egyptiens. Ce problème est donc fort loin d’être résolu.
Ces peuples laissaient sur la terre les restes de leurs repas pour
servir de nourriture à un oiseau appelé Oulouggaga, qui paraît être
une espèce de corbeau dont les jeunes gens imitaient le cri. Les
Dajaks de Bornéo ont encore à présent des oiseaux en vénération et
consultent leur vol , selon qu’un mémoire inséré au j 0 volume des
actes de la société de Batavia, nous le fait connaître.
Il n’y a rien de certain dans l’histoire javanaise avant l’époque de
l’arrivée supposée d’Adi ou Aji Saka, la première année de i’ère
javanaise qui-correspond à la 76e de l’ère vulgaire. Les écrits antérieurs
ont disparu.