
Une pluie de cendres tomba dans la nuit du g au 10, des tourbillons
de vent emportaient les toits des maisons : les arbres déracinés étaient
jetés à la mer : des hommes, des boeufs et des chevaux étaient enlevés.
La mer se gonfla d’environ douze pieds, inonda des rizières et détruisit
dès inaisons. Cette horrible tourmente dura une heure entière. Le bruit
des explosions cessa jusqu’au onze avril. Elles recommencèrent alors vers
minuit et durèrent sans interruption pendant environ douze heures. Leur
violence se modéra dans l’après-midi, et elles cessèrent entierèment
le i 5. Douze mille personnes furent les victimes de cette épouvantable
éruption.
Le Papandayang situé dans là partie occidentale du district de Ché-
ribon, était autrefois l’un des plus énormes volcans de Java; la plus
grande partie de la montagne fat engouffrée dans la terre, en 1772,
pendant une très-courte, mais épouvantable éruption. Yoici comment cet
événement arriva : vers le milieu de la nuit du 11 au 12 août, un nuage
lumineux d’un aspect extraordinaire, enveloppa toute la montagne. L ’al-
larme se répandit, les babitans du voisinage s’enfuirent, mais une partie
d’entr’eux ne purent s’éloigner avec assez de rapidité, la montagne
s’enfonça tout à coup, on entendit un bruit semblable a la plus horrible
décharge d’artillerie; des débris volcaniques furent lancés à plusieurs
milles de distance. Tout lé .sol sür i 5 milles anglais de long et 6 milles
de large fat bouleversé, 4o villages disparurent en grande partie; 2967
babitans périrent : toutes les cultures farent détruites.
Malgré de semblables catastrophes, la civilisation de l’archipel indien
est fort anciennne. Nous en citerons pour preuve les ruines d’un petit
temple bati sur la montagne volcanique de Takouban-praliou dont nous
avons décrit le cratere. ( voyez fîg. 5. ) Ce monument est digne défigurer
a coté des plus jolis édifices de ce genre qui couvrent le sol de la
Grèce.
Nous plaçons à la suite de cette planche un de ces nombreux grouppes
allégoriques que l’on trouve dansl’Inde-continentale (voyez fig.6.) signe
MONTAGNES ET V 0 J.CANS. f j
évident de l’introduction très-ancienne du culte du Taureau dans l’archipel
indien. Nous ne pouvons juger si ce grouppe est antérieur ou
postérieur à la date de la construction de ce temple, son style moins
parfait que celui des figures du temple, nous prouve qu’il a été fait
à une autre époque. Mais ¡1 est certain que l’antiquité de ces monumens
est pour le moins égale à celles des plus anciens édifices de la Grèce et
de 1 Italie; elle remonte par conséquent.à trois ou quatre mille ans.
Mr Horsfield, dont nous avons extrait presque tous les détails miné-
ralogiques, nous donne des renseignemens sur le Gunung guntor, sur le
Gedé et sur beaucoup d’autres volcans, qu’il a visités jusqu’au Sembing,
mais nous nous abstenons de pousser plus loin nos recherches sur cet
objet, parce que nous, pourrions fatiguer nos lecteurs d’Europe.
La carte géographique qui est jointe à cet ouvrage, indique la chaîne
des volcans avec plus de clarté que nous pourrions le faire par un récit.
Ainsi que nous l’avons dit au commencement de ce chapitre, les volcans
ont formé la base de l’île entière de Java : on trouve en plusieurs
endroits les traces d’une origine sous-marine. La chaîne volcanique de
Java est la prolongation de deux chaînes de montagnes d’Asie qui se
réunissent; la première vient de Geylan et des îles occidentales; la
Seconde traverse l’Aracan, le Eegu, la presqu’île deMalacca, Sumatra,
Banca, et Biliton. La ligne volcanique de Java se prolonge très-loin
a l’orient dans les îles de Bali, de Sumbawa etc. etc.
Le sol est généralement recouvert de roches basaltiques sur lesquelles
s’élèvent des montagnes calcaires que l’on reconnaît facilement par leur
sommet en forme de tablé. On en voit beaucoup sur la côte du nord,
il n.y ,en a pas autant sur la côte du sud, où l’on .trouve néanmoins des
roches calcaires,, qui ont jusqu’à 800 pieds de hauteur.
Des débris basaltiques roulés se trouvent dans le lit de toutes les
rivières : il y en a d’aussi gros que nos pierres de construction ; on
rassemble ceux qui n’ont que la grosseur de nos silex, pour les parsemer
sur le sol des rues et des chemins, ils y tiennent lieu de pavé.