
Banca est recente, puisqu’elle n’a eu lieu qu’au commencement du
siecle dernier, sous le règne du sultan de Palembang Badour Udîn.
Le capitaine Hamilton raconte ainsi cette découverte. En 1710 , un
fils du roi de Palembang était roi de cette île. Le feu prit à un village;
après qu’il fut éteint, on vit dans les décombres une grande quantité
de métal fondu qui paraissait être de l’étain, le roi ordonna de fouiller la
terre et on y trouva beaucoup de minerai. Les Hollandais de Batavia
envoyèrent demander la permission d’établir une factorerie à Banca,
cette permission ne leur fut pas àccordée, parce ijue le roi déclara’
quil voulait que son pays fût libre de tout commerce étranger
Trente ans après cette découverte, Banca produisait non moins de
65,ooo pikols d’e'tain ou 387o tonnes, par an, ce qui équivaut au produit
actuel des mines de Cornouailles.
La construction géologique de Banca est de roc primitif, ses principales
montagnes sont de granit, celles d’une élévation secondaire sont de
pierre ferrugineuse rouge. Dans les parties basses, la mine de'tain se
trouve toujours parmi les dépôts d’alluvion, rarement au-dessous de
35 pieds de la surface. Les couches ont une direction horizontale
et sont distribuées généralement ainsi qu’il suit :
Humus ou terre végétale , y ^
Argile noire.................................... g
Argile grise mêlée de sable .................................4
Argile noire ............................ g
Sable grossier, demi-transparent, couché dans de
l’argile blanche p u r e .................... g
Total.........................25 '/„pieds.
L’argile blanche dénote toujours le voisinage de l’étain, qui est en
couches, et disséminé dans des fragmens informes de granit. Le minerai
est une pierre d’oxide rouge foncé-d’étain. Le procédé pour l’extraire
est fort simple; on se borne à des excavations perpendiculaires, les
fosses n’ont guères au-delà de 100 pieds de longueur, à cause de
l’abondance de cette matière. Les mines sont divisées en grandes
et petites, appelées Kolong et Koulit en malais, les Chinois les exploitent
seuls , chaque mine occupe 25 à 3o hommes pendant 3 à 4 mois ;
tous les ouvriers sont égaux, le plus expérimenté dirige ses compagnons.
Les procédés consistent dans l’extraction du minerai, sa lotion
et sa fusion.
On découvre une minière après l’avoir sondee, selon les procédés
ordinaires : l’on enlève la terre, on la met dans des paniers que l’on
suspend à un fléau de bambou, pour la transporter, selon l’usage de Java.
Les eaux qui gêneraient l’opération, sont détournées par une machine
hydraulique chinoise peu dispendieuse , quelquefois lorsqu’il y a un
courant rapide et que la surface du sol est fort inclinée, l’on fait un canal
et l’eau entraine les terres. La manière de laver le minerai èst très-facile.
Une grande quantité de ruisseaux caractérise l’aspect physique de
Banca, on tâche d’en diriger un courant vers la minière, son lit est
doublé d’écorces d’arbres, la terre et le sable sont entraines, mais les
pierres qui renferment l’étain' restent au fond. On se sert d’un crible
pour achever cette opération.
La fusion ne se fait ordinairement qu’une fois par an, à moins qué
la saison ait été très-productive. Le fourneau a dix pieds de long, quatre
de large, il est fait d’argile.
Le soufflet ou ventilateur à a5 pouces de diamètre, 17 à 18 de hauteur,
trois ouvriers le tirent continuellement. On jette d abord une quantité
de charbon en ignition et l’on continue l’opération, en jetant du minerai
et du charbon. Le métal sort en fusion par une ouverture qui est
pratiquée , il est reçu dans un bassin, remué avec une cuiller, et versé
dans des moules de sable mouillé. On en fait des lingots de 5o katis
ou 66% livres. L’opération a lieu ordinairement de nuit, pour éviter
la chaleur du jour. On peut fondre dans une seule nuit .5,280 livres
d’étain.