
18 CHAPITRE I I I ,
Nous terminerons cet article par la comparaison des opérations de
la nature dans la Polynésie, avec celles de l’Europe. Les îles de l’archipel
indien ne sont pas les débris d’un continent comme l’on a répété
depuis trois siècles, c’est au contraire un continent qui se forme, ce
sont des îles qui se soudent ensemble, si je puis me servir de cette
expression.
Mr de la Place a démontré récemment, par le calcul, que la surface
de la terre a été primitivement aqueuse ; nous savons que dans l’Océan
pacifique, entre l’archipel indien et l’Amérique il y a beaucoup de
volcans sous-marins sans indices de terres ou de rochers à la surface
des eaux, nous savons aussi que les volcans ont cessé de brûler dans
l’intérieur de l’Asie; par conséquent l’archipel indien se trouve au plus
fort de l’état en travaille la nature souterraine.
En étendant cette observation à l’Europe, nous voyons les volcans
éteints de l’Écosse, de l’Irlande etde beaucoup d’autres contrées ; il n’y a
de feux existans qu’en Islande dans l’océan, qu’à l’Ethna, au Vésuve
et au Stromboli dans la mer intérieure appelée méditerranée, cette
mer présente dans presqne toutes ses îles des cratères éteints. Passant
de là sur notre continent, nous voyons des lignes de masses volcaniqnes
en Auvergne, sur la Loire; au Vivarais, sur le Rhône; a u x Grands-Duchés
de Luxembourg et du Rhin, sur le Rhin : le continent est soudé par une
longue suite d’atterrissemens et d’alluvioñs que les eaux ont chariés. La
puissance volcanique s’éteint en Europe, elle est déjà éteinte dans le
sud-est de l’Asie, elle brûle encore à Geylan et à Sumatra; elle brûle
avec plus de furie à Java, elle est plus grande encore dans les îles plus
orientales et se trouve à l’état sous-marin dans l’Océan paçifiqne ; elle
a formé des îles vers les côtes de l’Amérique, elle règne avec furie
dans les Cordillères qu’elle a déjà soudées et s’éteint au centre de
l’Amérique.
D’après toutes ces données, on pourrait proposer pour problème : i°
à quelle époque les volcans de France et d’Allemagne sur le continent,
MONTAGNES ET VOLCANS. 1 9
et ceux des îles d’Europe ont-ils cessé de brûler? 2° à quelle époque
le continent y était-il dans l’état insulaire? 3° à quelle époque l’Europe
était-elle sous les eaux comme le sol de l’Océan pacifique.?
Mr Horsfield, cet observateur judicieux que nous avons déjà cité
plusieurs fois, nous offre quelques données pour résoudre »ce problème:
il a classé de la manière suivante les opérations minéralogiques de la
nature dans l’île de Java.
i° Chaîne de volcans primitifs, dans la direction de l’ouest à l’est,
à cimes aigües, présentant beaucoup de cratères brûlans et un plus
grand nombre de cratères éteints : quelques-uns furent engloutis à des
époques recentes, d’autres à des époques inconnues. |
2° Volcans qu’il appelle secondaires, parce qu’ils sortent de l’alignement
de la chaîne, vers le nord et vers le sud : plusieurs sont brûlans,
d’autres sont éteints.
3° Montagnes calcaires, moins élevées que les volcans brûlans, leur
cimes sont en table : en plusieurs endroits elles couvrent les espaces
entre deux volcans, leurs directions varient dans tous les sens.
4° Montagnes mélangées de parties calcaires et de parties volcaniques;
elles sont en petit nombre, les rivières qui en découlent charient des
pierres siliceuses et calcaires, et des débris volcaniques.
5° Terres d’alluvion, qui se trouvent dans les parties inférieures du
cours des rivières, principalement sur la côte du nord : il est facile
d’en reconnaître la limite avec les montagnes primitives et secondaires.
6° Sources minérales de diverses températures, offrant à l’analyse
beaucoup de substancès dans des proportions différentes, les unes
relativement aux autres.
7° Sources de naphte et de pétrole.
8° Rivières sortant des cratères, offrant de l’acide sulfurique, de l’argile
et d’autres substances.
9° Objets minéraux divers qui, par leur petit nombre et leurs variétés,
ne peuvent point entrer dans les cathégories générales.