
La reine continuait de détester sa rivale, la concubine chinoise,
Angka Wijaja donna cette femme à Aria Demar qu’il avait fait Adipati
de Palembang à Sumatra, et lui défendit d’habiter avec elle, jusqu'à ce
qu elle fut accouchée de l’enfant dont elle était enceinte. Cet enfant était
un garçon appelé Raden Palah. '
Aria Demar partit avec 3oo hommes de troupes choisies, aussitôt
après son arrivée à Palembang, il fit la guerre aux piratés de Lampoug,
près le détroit de la Sonde; il eut ensuite un fils appelé Raden
Housen, dont les peuples de Palembang méprisèrent l’extraction chinoise ;
Aria Demar envoya les deux enfans à Majapahit.
Trois ans plus tard, Rachmet, neveu de la reine, vint à Palembang
avec des lettres et des présens pour Aria Demar, et il lui inspira le
désir de se faire Mahométan, mais Aria Demar n’osa professer publiquement
cette religion : Rachmet revint à Majapahit après deux mois
d’absence, Angka Wijaja désaprouvait de telles opinions religieuses
à sa cour, mais il donna à Rachmet 3ooo familles, pour former un
établissement à Ampel, près de Sourabaja. Rachmet y fit bientôt
fleurir le mahométisme et fut appelé Sousounan, c’est-à-dire messager
de dieu, titre que prennent maintenant les souverains de Java.
Moulana Ishak, célèbre Pandita de Malacca, zélé musulman, apprit
les conversions que faisait Rachmet, il s’embarqua pour le seconder,
une tempête le força à prendre terre à Gounoung Patoukang’an. Or
la fille du chef de Ralambangan était dangereusement malade, une
voix cria pendant la nuit à ce chef, qu’il trouverait du secours à
Gounoung Patoukang'an. Ce chef y envoya quelques serviteurs, qui
trouvèrent Moulana Ishak, et l’engagèrent à venir avec eux, celui-ci
entreprit la guérison de la jeune personne à condition que si elle
recouvrait la santé, son père se fît mahométan. La princesse guérit;
le Pendita l’épousa ensuite. Un jour le Pandita étant assis auprès de
son beau père, il lui conseilla d’accomplir sa promesse en se convertissant
à la vraie foi, ce prince se mit tellement en colère, qu’il voulut frapper
HISTOIRE DE JAVA. 2l 3
le Pandita; celui-ci alla en toute hâte prendre congé de sa femme, qui
était enceinte, l ’e x h o r t a à continuer la pratique du mahométisme, et partit
pour toujours. Peu de tems après son départ une épidémie ravagea le
pays:
Le prince avait ordonné qu’on fît périr l’enfant nouveau-né de sa
fille, mais le Tout-Puissant le prit sous sa protection, on le conduisit
secrètement à Glissée; lorsqu’il fut âgé de douze ans, Rachmet le
fit instruire et lui donna le nom de Raden Pakou, (c’est-à-dire pivot)
dans l’espoir qu’il serait un jour le pivot de Java ; il lui donna sa fille
en mariage.
Le jeune homme avait commencé le pèlerinage de la Mecque, il
fut détourné de le continuer par Moulana de Malacca, vieillard
respectable qui lui conseilla de retourner le plutôt possible a Java
pour y travailler à la conversion des idolâtres. Pakou revint a Grissee
et bâtit une mosquée à Giri, il alla ensuite a Ampel ; Rachmet
l’informa que le vieillard de Malacca était son père, et qu’en lui
obéissant par son retour, et par la fondation d’une mosquée, il avait
accompli une prophétie d’où il résultait qu’un jour sa race produirait
les plus grands princes de Java.
Vers l’an i355 de Java ( i 43a) la gloire de l’empire de Majapahit
était à son comble, la puissance de cet état s’étendait au loin, mais
des officiers du prince opprimaient le peuple de Balipar leurs concussions.
Andaja Ningrat Adipati de Pajang Peng’ging y fut envoyé et y
rétablit la tranquilité. Ses succès furent si complets qu’il fut en état
d’entreprendre d’autrès conquêtes; il acquit une si haute réputation
que le prince Angka Wijaja lui-même commença à craindre pour
sa propre puissance. « Chaque fois, disent les historiens, que le prince
» de Majapahit recevait des rapports sur les victoires de Ratou
si Peng’ging, ses allarmes croissaient. Tous les rajas de Sabrang
3, s’étaient soumis à lui, parmi eux étaient ceux de Makaser, Goa,
Banda, Sembawa, Ende, Timor, Ternate, Soulou, Ceram, Manille et
Bornéo; il était invulnérable. 30