
44 CHAPITRE VIII.
Parlons ici d’un peuple nomme' Kalang et des habitans de la montagne
de Teng’ger. Les premiers assurent avoir été' autrefois très-nombreux
dans diverses parties de Java, ils menaient une vie errante et pratiquaient
un rit religieux fort différent de celui du reste des Javanais, avec lesquels
ils n’avaient point de relations. A présent ils sont mahométans
et sédentaires dans quelques villages des environs de Demak, ils prétendent
qu’un de leurs chefs fut métamorphosé en chien. L’épithete de Kalang
est une injure, parceque ce peuple est traité avec mépris.
Il y a beaucoup d’étrangers dans l’île de Java, les Chinois en forment
la classe la plus importante, leur nombre s’élève à environ cent mille. Ils
demeurent principalement dans les trois grandes villes de Batavia,
Samarang et Sourabaya et sont disséminés dans tout le pays. Ils arrivent
annuellement de la Chine au nombre de plus de mille, sur des jonques ou
navires chinois qui en contiennent 3 à 400) dépourvus de toutes
ressources, mais bientôt ils s’enrichissent par leur industrie. Il n’y a
point à Java de femmes nées en Chine, mais les Chinois se marient
avec les filles de leurs compatriotes, nées de mères qui sont javanaises
et ils forment ainsi une population mixte qui diffère très-peu des véritables
Chinois ; les individus de cette race sont appelés Pernakems par
les Hollandais.
Quelques uns retournent chaque année en Chine, mais leur nombre
est inférieur à celui des arrivants.
Les Chinois sont gouvernés par leurs propres lois pour les affaires
d’un intérêt secondaire et pour les successions. Il y a un capitaine
et plusieurs lieutenants pour chacune de leurs sociétés. Ils sont plus
intelligents, plus laborieux et plus amis du luxe que les Javanais. Ils
sont l’âme et le corps du commerce de cette île. Dans les provinces
des indigènes, ils sont les fermiers de presque tous les revenus.
Ils étaient plus nombreux avant la guerre civile de 1742 pendant
laquelle on en massacra plusieurs milliers à Batavia et même un
décret d’extermination avait été proclamé contr’eux dans l’île entière.
CHAPITRE IX , 4 5
On appelle Maures les habitans originaires de la côte de Coromandel ;
ils paraissent être les restes d’une classe beaucoup plus nombreuse, â
laquelle monopole de la compagnie hollandaise a beaucoup nui. Plusieurs
navires de Coromandel viennent faire le cabotage à Sumatra , à Penang
et à Malacca, mais ils ne fréquentent plus les parages de Java.
Les Bougis et les Malais ont un quartier séparé dans les grandes villes
de Java et dépendent immédiatement de leurs chefs respectifs.
Les Arabes sont commercans et prêtres. Leur ressort principal est à
Grissée où l’islamisme fut introduit primitivement et d’où il se répandit
dans le reste de l’île.
A cette liste des étrangers on pourrait peut-être ajouter les habitans
qu on appelle Portugais; ces individus sont les seuls chrétiens indigènes.
Ils descendent de Malais convertis, ou d’Européens établis antérieurement
à la fondation de Batavia. Ils occupent les emplois inférieurs
des bureaux, tels que copistes, garçons de bureaux, commissionnaires.
CHAPITRE IX.
Des Femmes. Des Mariages, Naissances et Enterremens.
Tous les insulaires de cet archipel connaissent l’institution du mariage
le sort des femmes est plus heureux à Java, aux îles de la Sonde et aux
Moluques que dans toutes les autres contrées de l’Orient f elles ne sont
point enfermées. Quoique le mari paie un prix quelconque pour avoir
yne femme, il ne la traite pas avec dédain : elle prend ses repas avec lui
et partage indistinctement sa fortime bonne ou mauvaise : les femmes
peuvent paraître sans scandale en public, dans les conseils et dans les
festins, meme parmi les nations les plus belliqueuses de Célèbes. Plusieurs
femmes ont monté sur le trône.
A Java, les femmes sont industrieuses et aiment le travail. Elles
dirigent souvent l’économie domestique. Les femmès de haute qualité
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