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les mêlent avec la noix d’areque comme nous l’avons dit dans un des
chapitres précédents.
Rumphius décrit six espèces et plusieurs variétés de ce poivre, tant
sauvages que cultivées : cette plante grimpante paraît être originaire
de l'archipel indien, car si l’on peut connaître le pays d’où une plante
est originaire par le plus ou moins de facilité à la cultiver , le bétel
doit provenir des régions équinoxiales, il croît très-facilement à Java,
et avec plus de difficulté dans l’Indostan.
On le cultive dans des jardins séparés, près des habitations, parce
qu’il a besoin de beaucoup d’eau. Il préfère la terre des rizières et le
voisinage de la mer. Il grimpe autour des perches ou des arbres.
Les feuilles peuvent servir dès la seconde année, cette plante continue
à en produire d’une excellente qualité pendant trente ans, elles sont
moins bonnes dans la vieillesse.
Après ces plantes, nous devons parler du suc épais appelé Gambir
gutta gambir ou mieux encore gatah ; ce mot Malais signifie gomme.
Le gambir ressemble à la terra japonica ou au catechu, il provient
duFunis Uncatus de Rumphius, appelé vulgairement gambir.
Le Dr Hunter a publié au oe volume des actes de la société linnéenne
un excellent mémoire sur le gambir. Cette plante s’élève à cinq ou
six pieds, à la fin de la première année, elle produit des feuilles
dont on fait usage et continue ainsi pendant 20 à 3o ans , deux fois
chaque année. Les feuilles sont bouillies dans des pots de terre, il
en sort un suc qui acquiert la consistance d’un syrop. On en fait des
gateaux carrés. Ce genre d’industrie n’est pas connu à Java, mais dans
la partie orientale de Sumatra, à Malacca, à Rliio et sur la côte occidentale
de Bornéo. On exporte le gambir pour la Chine, il y sert à tanner
le cuir, on l’emploie aux Indes pour le mâcher avec le bétel et l’areque.
Son goût amer et astripgent affecte la langue : mais lorsqu’on y est
accoutumé, on dit qu’il n’est pas désagréable.
Le tabac (Nicotiana Tabacum) est cultivé partout pour l’usage domes-
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tique. A Java, Mindanao et Luçon, c’est en outre un objet d'exportation.
On en fait à Java des semis sur les montagnes, à trois mille pieds au-
dessus du niveau de la mer, on le transplante ensuite dans les plaines
fertiles du nord, on le sème dans la terre des rizières, arrosées par
des canaux artificiels, il ne lui faut point d’engrais, ce qui prouve
l’excéssive fertilité du sol de cette grande île. On y alterne souvent la
culture du riz et du tabac, quelques arrosemens lui suffisent pour tout
soin. Que l’on juge combien cette plante acquièrerait de valeur à Java,
si elle était confiée à des cultivateurs iudustrieux de l’Europe, puisque
dans le Kadou elle s’élève jusqu’à 8 ou 10 pieds La transplantation se
fait au mois de juin c’est-à-dire à l’époque de l’hiver de l’hémisphère
austral, il mûrit en octobre et novembre, dans les mois de l’été, avant
les pluies; il est haché lorsqu’il est encore verd et après qu’on en a
ôté la nervure fibreuse.
Le tabac fut planté en Portugal vers l’année i 55g, il fut bientôt
importé dans les établissemens Portugais de l’archipel indien. En 1601,
la derniere année du regne de Panambaham, empereur de Matarem,
l’usage de fumer le tabac s’introduisit à Java.
CHAPITRE XVn.
Des Fruits et des Fleurs.
La banane appelée Pisang en Malais, peut tenir le premier rang parmi
les fruits. Cette plante appelée figuier d’Inde (Musa Paradisiaca) est
une denrée de première nécessité. On la trouve dans toute la zone
torride, on la fait torréfier en Amérique pour la manger; dans l’archipel
indien, cette opération n’est pas nécessaire, c’est la preuve que la
banane y est d’une qualité supérieure à celle du nouveau monde.
On compte 16 différentes variétés de Pisang cultivé et 5 variétés
sauvages 1 il n’y a que 3 espèces connues dans l’Amérique équinoxiale.
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