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Les marchands detaillans chinois sont les plus nombreux ; ils sont
dans cet archipel, ce que les juifs étaient en occident pendant le moyen
âge ; mais se trouvant dans une position moins défavorable{ à cause
des préjugés de nos ancêtres à l’égard des juifs, ils sont plus heureux
en spéculations.
Les Javanais n’ont , que peu de moyens pour provoquer l’échange et
le cours du commerce ; ils ne connaissent pour cela que l’usage des
marchés publics qui sont établis dans toutes les contrées de l’île de Java
et même dans les autres îles. La coutume d’assigner un quartier
particulier dans chaque ville, pour la vente permanente des objets
Usuels, vient probablement des mahométans, ainsi que le démontre la
dénomination de Pasar qu’on donne à ces marchés, corruption du
mot arabe basar. Les marchés ordinaires de Java présentent des scènes
d’une grande activité. Sous l’ombrage épais des arbres plantés à cet
effet, ou sous des tentes dressées pour ce moment, les detaillans
exposent leurs marchandises sur des cadres de bambou. Une liste
succincte des marchands qui se trouvent à ces bazars, nous fera
connaître les opérations qu’on y traite.
Un marchand de grains, un marchand d’huile, un marchand de
sucre, un autre de sel, d’épiceries fraîches, un détaillant d’oignons,
de garlic, de trasi, de noix de coco, un marchand de cannes
à sucre, un boucher, un marchand de volailles, un cuisinier ambulant
avec sa cuisine portative, des marchands de tabac, de fleurs
des vendeurs de gambir ou terra japonica, de betel, d’areque, de
cire et d’encens, des marchands de draps, de coton, de fil de coton,
d’indigo, de lacque, un autre qui vend de la teinture, un teinturier,
un vendeur de fer, de games de kris, un marchand de kris, un
vendeur de lames, un vendeur de bois, de poudre à canon, et d’ustensiles
de cuivre, un sellier.
Les principaux artisans qu’on trouve dans les marchés sont : des
forgerons, des orfèvres, des chaudronniers , des teinturiers et des
peintres sur coton.
DU COMMERCE. 1 2 5
Rien n’est plus facile que le transport par les rivières et sur les côtes.
Les routes ne seraient que des sentiers, si les Européens n’avaient
fait construire des grands-chemins, des ponts et des canaux. En général
le charroi est inconnu; lorsqu’on ne se sert point de la voie des canaux,
les marchandises sont portées sur les épaules des porte-faix, ou sur des
boeufs et des chevaux, comme nous l’avons déjà dit. Il y a continuellement
cinq mille porteurs, employés au transport des marchandises, sur
la grande route de Samarang aux deux capitales des souverains javanais.
L’on rencontre à chaque instant des troupeaux de bêtes de somme.
Malgré la grande identité apparente de climat, la variété des productions
de Java étant infinie, les liabitans des contrées les plus fertiles
fournissent la nourriture et le vêtement aux contrées les moins favorisées
et reçoivent en échange les productions dont ils ont besoin. Les
marchandises de première nécessité sont les suivantes : du riz, des
légumes, de l’huile végétale, du coton en laine, du coton fabriqué,
du tabac, du sel, du sucre et de l’indigo. La seconde classe de marchandises
consiste en or, étain, ivoir, catechou, benjoin, poisson sec.
La troisième classe, qui comprend des articles généraux de luxe auxquels
les étrangers ont donné une grande impulsion, renferme les
nids d’oiseaux, le Tripang, le bech de mer, le poivre noir, les clous
de girofïle, le maci, les noix muscades, les nageoires de goulu de mer,
les écaillés de tortue etc. Outre les étrangers qui font le commerce,
les trois îles de Java, de Sumatra, et de Gélèbes renferment trois nations
commerçantes; les Javanais, les Malais et les Bougis.
Les annales des îles aux épiceries informent qu’àvant l’annee i 33a,
les Javanais fréquentaient beaucoup Ternate; le commerce s*y faisait
a des époques très-anciennes; les demandes étaient provoquées dans
l’Occident; une chaîne de relations commerciales, parmi plusieurs
peuples divers se prolongeait depuis Rome jusqu’aux Moluques,
les habitans de Rome ignoraient néanmoins d’où provenaient les
épiceries; à Malacca, à Acheen et dans quelques ports dé Java, elles
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