
¿ 5 6 CHAPITRE XXX X V I I I ,
Les crimes commis par les naturels du pays ou par les Chinois,
dans la ville de Batavia et dans ses environs ont été jugés depuis rétablissement
des Hollandais d’une manière conforme à la loi européenne.
A Bantam, la juridiction criminelle sur les naturels du pays a été
laissée àu sultan et celle sur les Chinois qui y résident, a été exercée
comme à Batavia, conformément à la loi européenne.
Les régences dé Jacatraet de Preanger paraissent jouir d’une situation
fortùnée et tranquille. Les Chinois, entièrement séparés des Européens
et les autres étrangers des environs de Batavia, sont administrés par
leurs chefs respectifs, lès crimes y sont extrêmement rares. Il paraît
que primitivement, les autorités du pays ne transmettaient point les
criminels aux tribunaux hollandais, c’est sous le gouvernement du
maréchal Daendels qu’une * cour fut établie selon le mode européen
dans ces districts.
La police est du ressort du Raden Adipati ou premier ministre dans
les états indigènes. Les grandes et fertiles provinces qui entourent la
capitale sont divisées en cantons de 200 à 1000 Chachas ou familles.
Chaque village a une organisation distincte comme nous l’avons dit
antérieurement. Le chef du village exerce lui seul presque tous les
pouvoirs. Les habitans s’y réunissent pour faire des patrouilles de nuit.
CHAPITRE XXXXVIII.
Des Établissemens militaires.
Sous le gouvernement indigène, toute la population mâle en état de
porter les armes est soumise au service militaire., mais la culture des
terres et les divers emplois publics ont fait réduire ce nombre au tiers,
excepté dans des circonstances extraordinaires. Avant les soixante
dernières années, époque ’où les Hollandais commencèrent à dominer
dans l’île entière, les naturels du pays se faisaient une guerre perpé-
DES ÉTABLISSEMENS MILITAIRES. 2 5 1
tuelle pendant plusieurs siècles. Depuis ce tems, l’ardeur guerrière est
excessivement diminuée. On se contente du nombre nécessaire de
troupes pour le* maintien de l’ordre. Le Sousouhounan ou empereur
a une garde d’un millier d’hommes seulement, l’excédant de la troupe
est fourni par le gouvernement européen.
Autrefois chaque village fournissait un nombre prescrit de soldats;
pendant leur absence, leurs femmes et leurs familles étaient entretenues
par le chef du village qui prescrivait aux cultivateurs de les
assister dans la culture de leurs champs et de leurs jardins.
Le souverain, en sa qualité de chef militaire, porte entr’autres le
titre de Senapati, seigneur de la guerre. Lorsqu’une armée est levée,
il donne à des chefs appelés Widana, de petits corps de troupes de
320 hommes. Sous chaque Widana il y a quatre Lourahs ou Tindihs
qui commandent des compagnies de 80 hommes, et qui ont chacun
deux officiers subalternes appelés Babakels ou Sesdbats qui commandent
à 4o hommes. Les Widanas sont salariés de leur service par
des prestations en nature , montant à 1000 Chachas, mais ils sont
chargés d’entretenir les officiers inférieurs.
Lorsqu’une troupe est en marche, on fait des demandes aux districts
voisins qui doivent les approvisionner sans paiement. Lorsque les troupes
sont sur le pays ennemi, elles vivent de pillage : les réquisitions en
argent sont inconnues.
Les armées javanaises consistent principalement en infanterie. Les
troupes quelque soit leur armé, doivent être totalement équippées avant
de partir pour leur destination, ainsi le souverain n’a aucun soin de
l’armement ; chaque village a sa provision de piques et quelquefois
d’armes à feu. Les officiers subalternes en prennent un certain nombre
en réserve. Le chef de la province est responsable de l’équippement
des hommes.
Le kris est l’arme principale des Javanais, il fait partie deson costume;
nous en avons représenté plusieurs à la planche 17; ainsi que diverses