
teur Taikosama, les Hollandais au contraire ne parurent qu’en qualité
de marchands ; ils e'taient à rechercher dans l’intérêt de Taikosama,
qui fît fleurir lë commerce dans son pays. Je dois l’avouer avec peine,
les prêtres espagnols et portugais qui accompagnaient ces expéditions
lointaines, étaient généralement fort éloignés d’avoir les vertus de S'
François Xavier. Accoutumés en Europe de faire usage de l’arme
terrible de 1 inquisition, ils portèrent le même esprit de domination
au-delà des mers. Taikosama crut que tous les catholiques étaient
Portugais, et que les marchands Hollandais n’étaient pas chrétiens, de là
cette sévérité, que les prêtres portugais ont provoquée; ils ont porté le
fer et le feu dans la vigne du seigneur, au lieu de la cultiver selon
les préceptes pacifiques et conciliateurs de l’évangile.
Le commerce des Portugais se faisait de Macao , en Chine; à
Firando et a Nangasacki au Japon; Kempfer, que l’on peut consulter
avec une entiere sécurité, donne des détails sur leurs importations et
exportations.
En 1640, le gouvernement portugais de Macao envoya une ambassade
au Japon, toutes les personnes qui la composaient furent mises
en prison et décapitées, à l’exception de 13 hommes des moins notables,
qui furent renvoyés pour rendre compte à leurs compatriotes du
mauvais succès de cette ambassade. En 1641 les Hollandais reçurent
l’ordre de sortir de Firando et , furent relégués à l’île de Desima près
Nangasacki, où se trouve maintenant confiné tout leur établissement.
En 1672 le commerce des Hollandais y éprouva un grand préjudice,
le gouvernement japonais fixa le maximum des cargaisons d’importation,
se réserva le droit de les vendre sans leur participation, en leur
laissant la faculté de réexporter.ce qui n’était pas vendu. Des conditions
si rigoureuses furent modifiées vers l’année i 685, les importations furent
fixées par le gouvernement japonais à environ 3oo,ooo tahils ou environ
3.500.000 francs, les exportations en cuivre seulement montaient à
25.000 pikols ( 31,000 livres pesant. )
nu COMMERCE AVEC l E JAPON. 145
En 1710 le nombre de navires, qui jusqu’alors avait été illimité, et
qui était ordinairement de six à sept, fut réduit à quatre. En 1714,
les exportations en cuivre furent réduites a i 5,ooo pikols, et en 1745
à 7500.
A l’époque où le Japon était ouvert aux Européens , les Anglais y
avaient un établissement, ils furent relégués à Nangasacki en 161g par
ordre du gouvernement, en i 6a3 la factorerie se retira. Cinquante ans
plus tard, la compagnie anglaise des Indes-Orientales fit des efforts pour
rétablir ses relations commerciales avec le Japon, pendant la guerre
entre l’Angleterre et les Provinces-Unies, sous le règne de Charles II.
Les Hollandais parvinrent à l’évincer en faisant valoir que le roi d’Angleterre
avait épousé une princesse de Portugal. Les tentatives réitérées
en 1681, i683 et 1689 n’eurent pas un plus heureux résultat.
La persévérance du gouvernement japonais à ne traiter qu’exclusivement
avec les Hollandais fut telle, qu’en i 8i 3, pendant l’occupation
britannique, les navires durent prendre . le pavillon des
Provinces-Unies, et les matelots durent paraître en costume hollandais
et non en costume anglais.
Les Américains cherchèrent à faire le commerce du Japon en 1801
et 1803 , ils ne furent pas reçus. Des Anglais du Bengale firent des
tentatives en i8o3, elles n’eurent aucun succès; pendant la même année
les Russes envoyèrent une ambassade au Japon, le sincère et véridique
Krusenstern nous en fait connaître les résultats infructueux : le gouvernement
japonais la reçut avec urbanité, mais ne fit pas la moindre réponse,
fournit des approvisionnemens en abondance aux navires laisses et
engagea l’ambassade à se retirer le plus promptement possible des mers
dangereuses du Japon, le gouvernement ne pouvant répondre des accidens
qui arriveraient. Les Japonais firent plus encore, un navire russe avait
échoué antérieurement sur les côtes, ils rendirent religieusement tout
ce qui en avait été trouvé, même jusqu’aux morceaux d’un miroir, en
s’excusant par une note, de ce qu’il était cassé, parce que des paysans
de la côte en avaient ignoré la fragilité.