
268 CHAPITRE I .IV ,
Après avoir fait connaître la manière de compter de ces peuples,
nous allons donner quelques détails sur leurs poids, mesures et monnaies.
L’estimation par le volume est la plus générale, celle par la
pesanteur marque déjà un plus haut degré de civilisation.
Gagam estla quantité de riz qu’on peut tenir dans le creux de la main,
c’est la plus petite mesure des céréales, trois gagams font un pochong,
quantité égale à ce que l’on peut réunir dans les deux mains en formant
une cavité ; deux pochongs font un gedeng, cinq gedengs font
un songgo qui est la plus forte mesure dans plusieurs provinces. 24
songgos font un hamat qui est la mesure la plus usuelle.
Les liquides se mesurent le plus communément avec une écaille de
noix de coco.
Les Chinois emploient une mesure de pesanteur appelée tahil qui
varie beaucoup, dix tahils font un kati ou environ 20 onces, mesure
commune d’Europe. Cent katis font un pikol ou i 35“/ j livres brutes
et 3o pikols font un Coyan. On se sert ordinairement de ces mesures
en comptant avec les Européens.
Le Bahara est un poids arabe en usage pour le poivre, sa pesanteur
varie depnis 3g6 livres brutes jusqu’à 56o, dans les diverses parties
de l’archipel indien.
L’or se pèse par des grains de riz dans le voisinage des mines d’or
de Sumatra, ce procédé est remplacé par d’autres plus exacts que
les étrangers ont fait connaître à ces peuples. En général les termes
de poids et mesures proviennent du continent. 24 pois écarlate avec
une pointe noire, appelés Rakat, font un mas, 16 mas font un tahil.
Le mot Rakat est évidemment le Raktika ou Retti, des Indous, le mas
est leur Mascha, le tahil est leur Tola ou Tolaka.
La balance vient de l’Asie occidentale : le nom qu’on lui donne ( Trazou
ou Trajou) en est la preuve. Le peson vient de la Chine; son nom
(Dachin) en est la preuve, les dénominations de Kati et de Pikol
proviennent aussi de la Chine.
DE l’ARITHMÉTIQDE. 269
Les mesures de longueur sont moins précises que celles de pesanteur,
leurs subdivisions sont prises comme parmi tous les autres peuples,
dans les parties du corps humain. Le Chankat approche de la longueur
de l’homme, depuis les pieds jusqu’à l’extrémité étendue de la main.
Bans un pays où il n’y avait point de grandes routes, ou Ion doit
faire beaucoup de détours et où les transports se font ordinairement
par eau, il n’y a point de mesure itinéraire précise. Les voyages sont
comptés par journées qui peuvent valoir chacune 20 milles anglais, on
appelle ounjoutan une marche d’environ deux milles et demi, après
laquelle les porteurs font une halte.
La même inexactitude se retrouve dans les mesures de superficie.
Les Sundas ou Javanais des montagnes de l’ouest, se servent de l’expression
: louwak, qui signifie un espace de terre en général. On
calcule ordinairement par l’estimation approximative de la culture des
buffles. Quelquefois même on évalue la quantité de riz qui peut être
produite ; l’expression chaing signifie la mesure habituelle de riz récolté,
elle varie de 1000 à 4000 livres pesant. Les habitans de Bali calculent
par la quantité de semences qu’ils emploient.
En général l’expression chachach. signifie le travail d’un homme,
c’est d’après cette dernière estimation que les impôts sont prélevés,
ainsi que nous l’avons expliqué aux chapitres qui traitent de la culture
du riz : enfin le mot joung, c’est-à-dire vase ou grand bateau est générique
pour exprimer une mesure agraire quelconque, ses principales
fractions sont le kikil, c’est-à-dire la moitié et le bahou, c esta ci ire le
quart. Le paseban qui est la cour située devant le -palais du prince
est ordinairement une superficie de deux joungs.
Nous terminerons cet article en parlant des monnaies. Le pichis est
une petite monnaie d’étain dont on fait usage à Palembang, a
Ache’en, à Bantam et à Chéribon. C’est une petite lame irrégulière
creusée au milieu. '56o pichis égalent une piastre d’Espagne. Une mon-,
naie de cuivre, représentant des figures qui paraissent maintenant
37