
224 CHAPITRE XXXXII,
sivement; les Hollandais le secoururent avec quatre navires, les
Macassarais furent battus et leurs chefs tués. Le sultan forma une
troisième armée et en donna le commandement à son fils.
Cependant le chef des conjurés de Madura, appelé Trouna Jaya t
voulut se placer lui-même sur le trône de Matarem ; il avait remporté
plusieurs victoires dans les districts de l’Est, avait pris possession de
Sourabaya et s’avançait vers Japara.
L’amiral Speelman partit de Batavia en décembre 1676, pour secourir
le Sousounan, et il soumit toute la côte jusqu’à Japara. Un traité entre
la -Compagnie et le Sousounan fut le résultat de ces succès, on stipula
que la jurisdiction de Batavia s’étendrait jusqu’à la rivière de Krawang,
que les marchandises de la Compagnie seraient exportées franches de
droits, que les Macassarais, les Malais et les Maures ne pourraient
faire le commerce dans les états du Sousounan, s’ils n’avaient point de
passe-ports hollandais, que ce prince paierait 25o,ooo dollars et verserait
3ooo lastes de riz, pour les frais de la guerre, etc. etc.
Au mois de mai suivant, les flottes combinées de Speelman et du
Sousounan, remportèrent une victoire décisive sur Trouna Jaya, qui
s’enfuit, en laissant derrière lui 100 pièces de canon. Les révoltés remportèrent
ensuite plusieurs succès sur terre ; enfin au mois de juin 1677,
ils entrèrent à Matarem; le monarque forcé de fuir de sa capitalé,
se retira avec son fils dans les montagnes de Kendang, il y succomba
bientôt à une maladie, et au moment de mourir, il dit à son fils : « vous
» devez régner sur Java, dont la souveraineté vous vient de vos ancêtres :
» soyez l’ami des Hollandais, vous pourrez réduire par leur assistance
» les provinces de l’Est » *...
Cependant les rebelles trouvèrent dans le palais la couronne de Maja-
paliit,deux filles du roi et des trésors immenses, la perte des habitans
de Matarem fut de i 5,ooo hommes, les Madurais n’en perdirent guères
moins. Le jeune et malheureux prince Mengkourat Ier appelé Sida Tagal
Aroun, retiré à Tagal, avait pris d’abord la résolution de partir pour
ÉTABLÏSSEMENÏ DES HOLLANDAIS. 2 2 5
la Mecque, et de devenir un Hadji; il se décida après un songe mystique,
à demander du secours à Batavia. Lorsque les troupes arrivèrent, le
chef delà province de Tagal s’offensa de ce que les officiers hollandais
étaient debout et le chapeau à la main devant le jeune monarque, tandis
que les Javanais doivent être assis, il fut très-étonné d’apprendre que
c’est un signe de respect en Europe.
Le Sousounan s’informa ensuite du nom du commandant, et lorsqu’il
sut qu’il avait le rang d’amiral, il s’approcha de lui. Des présens furent
ensuite offerts à ce prince, parmi lesquels était un magnifique habit
de façon hollandaise, le prince en fut si satisfait qu’il s’en revêtit
à l’instant. L’amiral se dirigea ensuite par mer vers Japara, tandis
qu’une division hollandaise se dirigeait par terre, avec le prince, vers
Pakalongan.
Quand l’amiral arriva à Japara, il y trouva un vaisseau anglais
et un vaisseau français en détresse, qui firent savoir qu’ils avaient assisté
les Hollandais, lorsque les rebelles attaquaient Japara. L’amiral en
remercia les équipages et leur fit présent de 10,000 dollars, en
ordonnant qu’on les ramenât dans leur pays sur un. de ses navires.
Les troupes s’avancèrent ensuite vers Kediri, la place fut assiégéè
pendant 5o jours et prise d’assaut. Les Macassarais auxiliaires des
rebelles avaient fui, Trouna Jaya avait aussi disparu. On trouva dans
la place beaucoup d’or, une grande quantité de piastres d’Espagne
et la fameuse couronne de Majapahit, mais les pierres précieuses en
étaient enlevées. Le 9 décembre, neuf chefs Macassarais obtinrent
leur grâce.
Cependant Trouna Jaya avait rassemblé de nouvelles troupes, il manoeuvra
dans la plaine, mais son armée fut saisie d’une terreur panique
à la vué des troupes combinées des Hollandais et des Javanais. Alors
le beau-frère de Trouna Jaya lui donna le conseil d’aller implorer la
clémence du prince, qui probablement lui pardonnerait. Trouna, après
un moment de réflexion, se décida à suivre son beau-frère, en se faisant