
« Le prince de Majapahit se ressouvint que Palembang n’e'tait pas
» encore soumis, il envoya un magnifique présent à Ratou Peng’ging, en
» l’invitant de soumettre Palembang sans délai. »
Le prince de Majapahit demanda à son ministre' Gaja Mada comment
il était possible que Ratou Peng’ging remportât de si grands succès et
il manifesta de nouveau ses craintes pour lui-même si PeDg’ging revenait
à Java. Gaga Mada répondit qu’il ne savait point comment expliquer
cela, et qu’il était toujours prêta obéir aux ordres de son prince, que
récemment Ratou Peng'ging avait été dans le plus grand péril possible,
et cependant sa vie avait été conservée. «Que peut-on faire davantage?!)
Le prince répliqua : » faisons pénitence et demandons à dieu les moyens
» d’échapper à ce danger. » Ils firent tous les deux une pénitence de 40
jours et de 4o nuits, à l’expiration de laquelle Batara Narada apparut
à Gaja Mada et lui dit : « il vous est impossible de faire périr Ratou
» Peng’ging, parce qu’il est juste et que les dieux le favorisent, si le prince
» veut se tirer d’embarras, qu’il en fasse son gendre, en lui donnant
» sa fille ainée en mariage. » Gaja fit part de cette révélation au roi.
Le prince fiit étonné de ce discours, parce que le Sang Yang
Tung’gal (c ’est-à-dire le Grand et Unique ) lui avait communiqué la
même chose. Il ordonna de rappeler Ratou Peng’ging, qui revint
après avoir tué le raja de Palembang, et administré provisoirement
ce pays. Il épousa la princesse et fut associé à l’empire sous le nom
de Prabou Anom.
Quelque tems après le prince redevint jaloux de son autorité, il
relégua son gendre à Peng’ging , appelée maintenant Pajang.
Vers lan 13(io de Java, un des fils du roi de Banjermassing fut
envoyé en ambassade à Majapahit avec un grand nombre de vaisseaux;
beaucoup de serviteurs et de troupes l’accompagnaient.
Le prince tomba dangereusement malade : les médecins lui ordonnèrent
d’habiter avec une esclave à cheveux laineux ; le fils qui en
provint fut appelé Bandan Kajawan.
HISTOIRE DE JAVA. 2 1 5
Retournons à l’histoire des progrès du mahométisme. Les fils d'Aria
Demar de Palembang vinrent à Grissée. Raden Patah, l’ainé, âgé de
20 ans, ne voulut pas aller à Majapahit parce que sa mère y avait été
maltraitée, Housen, le plus jeune âgé de 18 ans, y alla sans que son
frère le sût.
L’ainé épousa la petite fille de Sounan Ampel, et forma un établissement
à Bintara. Le prince envoya Housen pour le détruire, mais
celui-ci amena Raden Patah à Majapahit. Raden, reconnu par le prince,
eut la permission de retourner à Bintara avec le titre d’Adipati.
Raden Patah quitta Majapahit, la rage dans le coeur, en y apprenant
les circonstances de sa naissance. Il fit part au Sounan Ampel qu’il
Voulait détruire cette capitale. Le Sounan essaya de l’apaiser, en
faisant valoir les principes de sa religion qui ordonnaient la modération.
Peu de tems après Sounan Ampel mourut, il légua à Sounan Giri,
le Pousaka Kris que le prince de Majapahit lui avait donné et il recommanda
que cette arme ne passât jamais dans des mains indignes. Le
prince dé Majapahit honora sa mémoire, ceci arriva vers l’année i 3qo
de Java.
Raden Patah n’étant plus retenu parles conseils de Sounan Ampel,
donna un libre cours à sa rage contre le prince son père ; il forma
une ligue avec les missionnaires, pour détruire l’empire païen de
Majapahit. Tous les mahométans se joignirent à lui, excepté Housen
son frère qui resta fidèle au prince : une armée rebelle se réunit à
Demak, Raden Patah déclara ouvertement la guerre.
Sounan XJndang de Koudous, un des huit principaux missionnaires,
marcha contre Majapahit; il évita une affaire générale parce qu’il
craignait l’habileté de Housen et pendant quatre ans il fut contenu
dans ses moUvemens. Les troupes de Majapahit, fatiguées de cet état
d’incertitude, livrèrent bataille près de la rivière de Sidayou, les
mahométans furent complètement défaits, Sounan Uiidang fut tué,
mais on aécusaHousen de n’avoir pas profité de sa victoire, parce