
CHAPITRE X X X X I ,
Brebo Pati de Pajang et Matarem. Son fils Mas Timor fut investi des pays
de Kedou et Bagalen. Son gendre le prince de Madura fut chef de
Madura, Sumanap et Grissée, Sourabaja et son plus jeune fils fut
chef de Jipang.
Housen fils aine du sultan de Cheribon qui e'tait mort en 1428, lui
succéda avec le même titre; c’est de ce prince que descendeiït les
sultans de Cheribon, le second de ses fils appelé Baradin, hérita
du royaume de Bantam, qui s’étend sur les provinces du détroit de
la Sonde; c’est de lui que descendent les rois de Bantam; son fils naturel
obtint un territoire depuis Chitaram jusqu’à Tang’ram, ses états furent
situés entre Chêrïbon et Bantam, ce prince prit le titre de Raja de
Jakatra ou Jokarta, sa capitale fut prise en 161 g de 1ère vulgaire, par les
Hollandais qui fondèrent Batavia dans les environs.
Ainsi l’ancien empire de Majapahit était morcelé, dans la seule île de
Java, entre un grand nombre de princes qui formèrent des gouvernemens
indépendants ; plusieurs d’entr’eux prirent le titre de Kiai Gedé,
cest-a-dire Sultan, ou la distinction religieuse de Sousounan.
Environ un an après la mort du sultan Tranggana, le pays de Pajang
s éleva a un haut degré de prospérité. Raden Panangang Adipati de
Jipang commença à troubler la paix à l’instigation du Sounan Koudous.
Il envoya un de ses gardes du corps appelé Rakout qui assassina le sultan
de Prawata, dont le frere appelé Sounan Kali Niarnet prit les rênes
du gouvernement après sa mort, jusqu’à ce (pi'Aria Pangiri, fils du
sultan, fut en âge de régner. Il alla demander justice au Sounan Koudous,
celui-ci promit de lui donner satisfaction, mais il fut assassiné à son retour,
par des gens qui étaient apostés sur la route. L’Adipati de Jipang
ayant réussi dans ses projets, chercha à faire périr le chef de Pajang
afin de s emparer de tous les1 districts de l’est. Les assassins trouvèrent
le prince endormi au milieu de ses femmes, à minuit ; un d’entr’eux
voulut s approcher d’une dès femmes qui s’éveilla en criant, le prince
fut aussitôt éveillé, s’informa de ce que ces hommes venaient faire
près de lui et leur pardonna.
ÉTABLISSEMENT DU MAHOMETISME. 2 1 9
Le chef de Pajang et sa soeur, la veuve de Sounan Kali Niamat,
concertèrent pour se venger et assemblèrent des troupes que Panam-
bahan commanda. Ces troupes vinrent camper au bord d’une rivière
qui séparait les deux armées, l’Adipati de Jipang fut tué dans un combat
singulier par un jeune homme, dont il avait provoqué le père en criant
que les troupes ennemies n’osaient passer la rivière. Alors la province
de Jipang fut assujétie au chef de Pajang. Pananbaham eut pour récompense
1800 laboureurs dans le district de Mentauk appelé ensuite
Matarem; le pays de Kali Niamat resta à la soeur de ce prince et celui,
de Demak à son neveu. Awa Pangiri fut reconnu de sultan de Demak.
La province de Mentauk ou Matarem contenait alors au-delà de 3oo
villages. Panambahan s’établit à Paser Gedé, qui était un désert, et
prit le titre de Kiai Gedé Matarem.
En i4go le chef de Pajang alla faire une visite à Sounan Giri\
accompagné de Kiai Gedé Matarem, il était monté sur un éléphant ;
un grand nombre de prêtres et de chefs le suivaient. Il fut reconnu
selon le rit religieux en qualité de sultan par le Sounan Giri qui
prophétisa que la famille de Kiai Gedé Matarem régnerait un jour sur
toute l’île de Java.
Vers, ce tems les chefs de Sourabaja, Grissée , Sidajou, Touban,
Wirasaba, Pranaraga, Kediri, Madion, Blora, Jipang et Pasiaruam
se déclarent indépendants du prince de Madura, et choisirent pour
chef Panji Wiriakrama Adipati de Sourabaja. Sansa Gouna chef de
Balambangan, ayant pour auxiliaires les troupes de Bali et de Célèbes
en fit autant.
Kiai Gedé Matarem mourut en ,497; il avait changé pendant son
gouvernement le désert de Matarem en une fertile et populeuse contrée.
Le sultan de Pajang avait élevé à sa cour le fils de ce prince,
appelé Anghebai Souta Wijaja, comme son propre fils, il l’envoya
a Matarem et lui confia le commandement des troupes de l’empire
avec le titre de Senapati, en lui enjoignant de se présenter chaque année
à sa cour à l’époque de la fête de Moulut.