
cinq jours suffisent à l’évaporation d’un, bassin, on met ensuite le sel
en tas et après cinq autres jours on le transporte dans les magazins.
Le sel de la côte du sud est fabriqué d’une manière plus dispendieuse,
on le consomme sur les lieux : il est d’une qualité inférieure parce qu’il
contient beaucoup de sulfate de magnésie qui lui donne de l’amertume.
Le sable du rivage est ramassé et mis en sillons, le fabricant
remplit d’eau de mer deux grandes cruches, tourne autour des sillons,
il y jette de l’eau, en peu de minutes les rayons du soleil l’ont évaporée
et ont séché le sable, qui est ensuite recueilli et placé dans des entonnoirs;
on jette de l’eau de mer et on obtient un limon épais. Les paysans le
transportent dans leurs cabanes et le font bouillir en petite quantité
sur un feu ordinaire, ils obtiennent ainsi un sel brut.
La fabrication du salpetre et de la poudre à canon, demande .quelques
détails. On obtient le salpêtre par l’ébullition du sol des caves que
fréquentent les chauves-souris, les oiseaux et surtout les hirondelles.
Le sol est impreigné de leurs excre'mens. On préfère le salpêtre de
l’Indostan, uniquement parce qu’il est à plus bas prix. Le quintal de
salpêtre de Java coûte 5.2/3 dollars. Celui qu’on importe de l’Indostan
coûte 1 2/5 dollars. Marsden dit qu’un pied cube de terre donne à
Sumatra 7 livres 14 onces de salpêtre.
Le souffre se trouve en abondance dans les psendo-volcans ; son état
est tres-pur, le bois équivalent à celui de bourdaine est très-commun.
Malgré tous ces avantages on préfère la poudre à canon apportée
d’Europe. On a formé une manufacture de salpêtre à Grissée, sous la
surveillance des officiers Européens, elle fournit par an, 2000 pikols
au gouvernement, qui à raison de 8 Rixdalers'lë pikol, font i 33
livres sterling.
La préparation dans les forêts et le transport du bois de Tek occupent
un grand nombre de personnes. Le bois préparé de tek était autrefois
un article de prestation en nature que les régens des districts forestiers
fournissaient au gouvernement : avant 1808 le montant annuel de
DES MANUFACTURES. 121
ce contingent était de 8,800 pièces de bois de charpente de différentes
mesures, selon le besoin du service public. Les forêts centrales de
Rembang en livraient au-délà de trois mille.
La coupe était faite par les habitans des villages adjacens aux forêts.
Des buffles étaient requis pour le transport. 4oo bûcherons et 412 paires
de buffles étaient employés à ce service dans les districts de Rembang,
pour 3,ioo pièces de bois; le paiement se faisait en bois de charpente
à raison de 16 pences anglais ( 1-60 centimes) pour la coupe et la préparation
d’une des pièces de 18 à 20 pieds anglais de long sur 9 à 10
pouces déquarrissage ; 48 sous hollandais pour une pièce de 3i à 36
pieds sur i 3 à i 5 pouces d’équarrissage. Lorsque les demandes du gouvernement
excédaient le contingent réquis, on augmentait le salaire de
5o pour cent. Les courbes et autres bois de marine étaient payés d’après
un tarif réglé sur leur poids. Le maréchalDaendels organisa ce service
sur un autre pied.
La pêche occupe un grand nombre d’individus sur la côte nord-est
de Java, elle n’est guères interrompue qu’au moment du changement
de moussons, pendant peu de jours seulement.
Le poisson de mer est péché dans des filets ^ avec le harpon ou
à l’hameçon. Lès bateaux pêcheurs partent de la côte à trois ou quatre
heures du matin et dérivent jusqu’au moment.de la brise du lever du
soleil. Vers midi ils retournent par la brise de mer et suivent la côte
jusqu’à deux heures après-midi.
Les filets sont faits quelquefois de Gardang’a et même de coton. Nous
avons dit qu’on les teint pour les préserver de l’humidité.
Outre l’abondance des poissons de mer que l’on sale et qu’ensuite
on sèche au soleil ou que Ton fume, on en pêche dans les marais
salans, et dàns des rivières et des étangs; ceux de Grissée sont les
plus considérables et paraissent avoir été formés à l’époque de la
visite d’un des premiers princes mahométans de cette île au i 5e siècle.
L’usage des étangs provient de la Chine.