
LUS CHAMPIGNONS.
C est le Polypore du coudrier, Poiyporus corylimis, Mauri,
qui vient surtout dans la Campagne de Rome, et qui est
tellement apprécié, que rarement il va ju sq u ’aux marchés
de Rome, étant le plus souvent envoyé on présent, comme
champignon de choix.
Ce champignon croit principalement sur les vieux troncs
de noisetiers, qui accidentellement ont été hiTilés. Les paysans,
instruits par l ’observation du résultat que produit
cette combustion, fout, sur les vieux troncs des noisetiers,
un feu léger ju sq u ’à ce q u ’il y ait un commencement de carbonisation.
Après cette opération, les champignons, si les
circonstances sont favorables, poussent en si grande quantité
q u ’ils couvrent tonte la souche. Les paysans veulent-
ils obtenir une troisième récolte, ils renouvellent ia légère
combustion sur le même tronc.
Le Polypore du coudrier continuant à se dé v e lo p p e r ,
bien que transporté à de grandes distances, il serait facile
de faire venir d ’Italie des souches de noisetiers déjà chargées
de champignons, ou tout au moins de mycélium.
La culture de ces espèces étrangères procurerait aux
gourmets de France une jouissance nouvelle.
Mais ce n ’est pas seulement eu Europe que l ’on se livre
à la culture des champignons. Rumphius rapporte q u ’à
Amboine, et dans d ’autres îles voisines, on cultive deux
sortes de champignons : le Bolet du muscadier, Boletus
rnoschocarjunus, et le Bolet du sagoutier, B. saguarius. Le
premier vient sur les tas de brou de noix muscades , abandonné
sur le sol, comme n ’étant d ’aucune utilité; l ’autre,
pousse sur les déliris du bois de sagou, Sagus farinucea,
q u ’on entasse exprès dans les jardins. Le Bolet du muscadier
est un mets très-recherché des amateurs, et qui ne figure
que sur la table des riches; le Bolet du sagoutier sert
de même à la nourriture de l ’homme, mais il vient assez
L l îu n CGI.TUIUÎ.
abondamment pour q u ’on l ’emploie aussi à engraisser les
porcs et les poules (i).
Quelques espèces de champignons e xo tiq ue s, transportées
en germes avec des plantes venues de pays lointains ,
se sont plus d ’une fois montrées sur la terre qui nourrissait
ces plantes ou sur la caisse qui les contenait, entre autres
un Aséroé, apporté de la Nouvelle-Hollande eu Angleterre,
et uu Slilbuni; aucune d’elles ne s ’est naturalisée. Une espèce
exotique cependant parait s’être acclimatée eu Europe
; c e stV Agaricus cæpæs/ipes, Sowerb., laquelle vient
dans les serres et s’y multiplie, si l ’on a soin de l ’arroser
d ’eau chaude. Ce champignon, établi depuis longtemps eu
Angleterre, est originaire de l ’Amérique méridionale, où on
le rencontre dans les bois parmi les feuilles. D’Angleterre
il a passé en France, où il réussit également dans les serres.
Il est comestible, mais pourvu de peu de chair.
\f Agaricus (Marasmius) hæmatocephalus, Mont., qui
vient dans les parties les plus chaudes des deux Amériques,
et que l ’on cultive dans les maisons au Brésil, s’est montré
il y a peu d ’années à Kew, dit Berkeley, dans un pot contenant
une espèce de Cardulovica; cette plante n ’a pu s’y
établir d ’une manière permanente.
Ce savant mycologiste a essayé, il y a quelques années ,
d ’ introduire en Angleterre une très-belle espèce d ’Agaric
dont le mycélium avait été apporté de la rivière du Cygne,
en Australie; sa tentative ii’a pas réussi. Il en a été de
même avec ¡'Agaricus fabaceus, Berk., dont la culture a
été tentée aussi en Angleterre, à cause de ses excellentes
qualités, avec du mycélium venu de la Caroline du Sud.
Le peu de succès de ces tentatives ne doit pas décourager.
()) Herb. Ambon.
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