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LES CHAMPIGNONS. LEUR EFFET SUR L ’ÉCONOMIE ANIMALE. 195
cerfs, qui le mangent avec avidité. Son odeur, presque virulente,
le rend suspect. Persoon le dit même pernicieux aux
hommes. Il n ’est pas prouvé que ju sq u ’alors il ait occasionné
des accidents. MM. Tulasne en ont fait prendre des
quantités assez considérables à des oiseaux et à des grenouilles
; ces animaux leur ont semblé n ’en souffrir aucunement.
Les Moisissures, — Mucedinées et Mucorinées, — ont
l ’inconvénient de donner un goût désagréable aux aliments :
quelques-unes, en outre, les rendent malsains, même v é néneux.
Doit-on attribuer aux moisissures les accidents qui surviennent
fréquemment quand on mange des viandes qui en
sont couvertes? 11 sera toujours difficile de dire quelle est
la part q u ’il faut attribuer à des végétaux introduits dans
l ’économie animale avec des viandes qui ont déjà éprouvé
un commencement de décomposition.
Le pain moisi ne peut être mangé sans danger pour
l ’homme et pour les animaux.
Le docteur Vesteroff dit avoir vu deux enfants qui, api-és
avoir mangé du paiu de seigle moisi (Mucor Miicedo, Lin.),
ont eu le visage rouge, gonflé, le regard animé, effaré, la
langue sèche, le pouls faible, accéléré, des étourdissements,
une soif inextinguible, puis des envies de dormir,
de l ’abattement, de l ’indifférence à tout, etc. Ces accidents
cédèrent à l ’emploi d ’un émétique.
L ’exemple suivant prouve que la moisissure qui vient sur
les biscuits peut tuer les poules.
M. Simon, avoué à Arlon (Luxembourg belge), avait
reçu, il y a quelques années, une caisse de vin de Champagne
dans laquelle se trouvaient des biscuits de Reims. La
caisse fut descendue à la cave avec les biscuits, car on ne
savait pas qu elle en contenait. Lorsqu’on l ’ouvrit, après
quelques mois de séjour dans la cave, on trouva les biscuits
entièrement couverts de moisissure. On les jeta dans
la basse-cour à des poules, qui s ’empressèrent de les manger,
mais qui bientôt furent malades et moururent.
Le fait m’a été rapporté par une dame qui eu a été témoin.
Les moisissures qui viennent sur les fruits sont moins
dangereuses peut-être que celles qui viennent sur les p roduits
de§ céréales. Un matin j ’ai mangé la moisissure du
Pénicillium glaucurn, Link ., venue sur un pot de confitures
d ’abricot; n ’en ayant pas été incommodé, j ’ai mangé,
le lendemain, celle qui se trouvait sur de la confiture de
groseilles; toujours sans en être incommodé. Un autre
jou r, j ’ai mangé celle qui recouvrait la grande moitié d’une
orange; je n ’en ai pas non plus éprouvé d ’effet sensible.
Toutefois il ne faudrait pas conclure de ces expériences
que les moisissures qui viennent sur les fruits et les con fitures,
pour n ’avoir pas produit sur moi des effets bien
prononcés, ne sont pas nuisibles, et que les enfants pourraient
les manger impunément. Peut-être ce que j ’en ai
mangé n ’était-il pas en quantité suffisante pour incommoder
un adulte, et aurait incommodé un enfant. On sait
du reste que certaines substances ne sont malfaisantes que
lorsqu’on en fait un usage prolongé.
La Carie du blé , üredo Caries, Dec. Tilletsia Caries, Tul.
n ’est pas malfaisante : je l ’ai expérimentée sur moi il y a
déjà bien des années.
Eu novembre 1822, je délayai dans un peu d ’eau sucrée
quatre grammes de cette poussière, que j ’avalai, le matin,
à jeun. Je lui trouvai une saveur particulière avec une faible
odeur de marée : sa couleur étendue tirait sur le roux.
Cette substance ii’ayaiit produit aucun effet sur mo i, lé
surlendemain je triplai la d o se , que je délayai dans un
Ji