
LES ClIAMPIGNONS.
plier noir ou blanc , ou obtient trés-j)roiiiptenient le cham-
pignou ajipelé Ægerita, Jg a iicu s ægerita, Batt.
Depuis le temps île (¡alien ju sq u a la Renaissance, les
auteurs ne nous parlent guère de cbampignou s, et par
conséquent se taisent aussi sur leur culture. Césalpin el Lé-
cluse, qui vivaient au commencement du seizième siècle,
sout les premiers, je crois, qui rompent ce silence. Le peuplier
blanc et le peuplier noir, dit le premier, produiront
toute l ’année des champignons, si l ’on saupoudre de leur
écorce réduite en petites parcelles des terres engraissées de
fumier, et plus sûrement encore, si l ’on emploie l’écorce dn
peuplier des montagnes, Popuius montana, que Pline appelle
Lybien, arbre renommé pour ses champignons ( i) .
Le procédé indiqué par Césalpin est, comme ou le voit,
à pou prés celui de Dioscoride.
Lécluse dit que le peuplier blanc, coupé au niveau de
terre el ju sq u ’à la racine, arrosé ensuite d ’eau chaude dans
laquelle ou a délayé du levain de cliampignou (du mycélium),
produit en moins de quatre jours des champiguons
excellents à manger.
De nos jo u r s , M. Desvaux a cultivé l ’Agaric atténué,
Agaricus atteuualus, De c., variété Ag. crlindraceus, V'v.,
qui vient sur les vieux troncs de saule et sur ceux de peuplier.
Cette espèce, qui est très-voisine de l ’Ægerita des anciens,
si ce n’est la même, est cultivée aujou rd’hui daus le
midi de la France par bon nombre de personnes.
Voici, du reste, ce que M. Desvaux dit de la culture de
l ’Agaric atténué ;
« Ce champignon vient en groupes plus ou moins nombreux.
Ayant reconnu cette espèce, ou se procure une rondelle
de bois de peuplier de la plus grande étendue possi-
(I) Césalpin, 44.
LEUR CULTURE.
ble et de trois à quatre centimètres d ’épaisseur ; on
1 enfouit ju sq u ’à fleur de terre daus uu lieu frais, découvert,
et on frotte la surface de cette rondelle avec ¡’Agaricus
uUeniiatus, le plus possible. Si l ’on a procédé a u jirintemps,
ou peut être assuré q u ’à l ’automne suivant on aura une
récolte abondante de cet Agaric, dont les produits devront
être récoltés promptemeni, en é té , par la raison que pin-
sicurs espèces de coléoptères mycétophages, de même que
leurs larves, les piquent et les mangent rapidement. En
automne et au printemps, on pourra laisser prendre un
peu plus de développement aux nombreux individus qui
couvriront le bois ( i) . »
AL Desvaux a obtenu jusqu’à huit et n eu f récoltes de ce
champignon dans les années humides.
AL Auguste Saint-Hilaire dit, de son coté, deVAgaricus
ægerita, appelé Pivoulade par les Languedociens, q u ’on
(leu^le cultiver et se le procurer abondamment dans presque
toutes les saisons de l ’aiinée. Il suffit pour cela de recouvrir
d ’uue couche de terre des tranches de peuplier que
l ’on arrose de temps eu temps pour activer la végétation.
Il est à regretter que des procédés aussi simples que ceux
qui étaient mis eu usage par les anciens, et que celui dont
parlent Desvaux et Auguste Saint-Hilaire, u esoien tp as plus
généralement connus, ou que du moins on ne les mette pas
plus fréquemment éii usage.
Il est une espèce de champignon que nous faisons naître
à peu près à notre volonté, partout oû il nous plait et dans
toutes les saisons : c ’est l ’Agaric de couche , Agaricus cam-
pe s fn s , Lin., que, de temps immémorial, on a cultivé sur
couche.
A Paris, et daus presque toutes les grandes villes, ce
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(1) Dcsvauv, Ménior. encyclop., ii. lOO, jcaiiv. 1340, p. 4o.
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