
CHAPITRE IX.
D E l ’e m p l o i d e s c h a m p i g n o w s d a n s l ’ i n d u s t r i e e t
l ’é c o n o m i e d o j i e s t i q u e .
Les champignons n’intéressent pas l ’homme seulement
sons le rapport alimentaire, ils l ’ intéressent aussi sous le
rapport de l ’industrie et de l’économie domestique et pharmaceutique.
Parlons d ’abord de leur emploi dans l ’industrie et l ’éco-
uomie domestique ; plus tard nous les considérerons comme
poisons et comme agents pharmaceutiques.
Le Bolet amadouvier, Poiyporus fomentnrius, E r ., est
généralement employé à la fabrication de l ’amadou. Voici
comment on procède à cette préparation. On prend les
jeunes individus, on les monde de leurs tubes et de leur
écorce, après les avoir ramollis en les tenant dans une cave
où dans un lieu frais, s ’ils sont secs. On les coupe par
tranches ou lames minces, que l ’on bat avec un maillet,
sur une pierre ou sur un morceau de bois, afin de les
distendre : on mouille ces lames de temps à autre, on les
bat de nouveau, et on les frotte entre les mains ju sq u ’à ce
q u ’elles aient acquis un certain degré de mollesse et de
douceur. Ainsi préparées, elles constituent ce que l ’on
apelle Agaric des chirurgiens, substance employée pour
E M P L O I D E S C H A M P I G N O N S .
arrêter les hémorrhagies. On obtient l ’amadou proprement
d it, cette autre substance dont on se sert pour se procurer
instantanément du feu, en faisant bouillir, pendant
environ une heure, dans de l ’eau à laquelle on ajoute une
certaine quantité de salpêtre, les tranches de bolet préparées
comme je viens de le dire, après quoi on les retire
pour les faire sécher à l ’ombre, et les battre de nouveau.
Cinq cents grammes de salpêtre (azotate de potasse) suffisent
pour nn grand chaudron plein de tranches de cViam-
pignons. L ’addition du salpêtre dispose l ’amadou à s’enflammer
plus facilement. Quelques fabricants sont dans
l’usage de soumettre les tranches du champignon à l ’action
de plusieurs ébullitions. Les habitants de la campagne ne
les font pas toujours bouillir dans l ’eau nitrée ; ils se contentent
le plus souvent de les mettre deux ou trois fois dans
la lessive de cendres dont on se sert pour le blanchiment
du linge. Quelquefois aussi ils les baignent dans une eau
qui tient en dissolution de la poudre à canon : ce dernier
mode de préparation a rinconvénient de les noircir.
La fabrication de l’amadou forme une branche de commerce
assez considérable, tant est grande la consommation
qui s’en fait, bien q u ’aujourd’hui les allumettes phospho-
rées qui s’enflamment par l’effet seul du frottement eu aient
bien fait restreindre l ’usage.
Les habitants de la Sibérie, du Kamtchatka et d autres
contrées asiatiques se servent de cette substance jtour
façonner des moxas auxquels ou donne la forme de cônes
ou cylindres, q u ’ils brûlent sur la peau pour remédier aux
maladies articulaires devenues chroniques.
Le Bolet de Sologne, qui n’est q u ’une variété du Bolet
amadouvier, sert, aux environs d ’Orléans, aux memes
usages que celui-ci. Il en est de m êm e , en Autriche, de
l ’Agaric de chêne, Dædalea querclna, Fr, En Italie, ce