
LES CHAMPIGNONS.
derme, occasionne une inflammation locale, sorte d ’é ry -
sipèle, exempt de symptômes généraux.
Les Agarics du sous-genre Lactaire agissent sur l ’économie
à peu près à la manière des Russules.
La saveur de quelques Lactaires est d ’une âcreté insupportable
et qui persiste pendant longtemps. La moindre
parcelle du champignon, mise sur la langue, semble emporter
la bouche. Pris à l ’intérieur, les Lactaires déterminent,
de même que les Russules, une inflammation des
voies digestives, accompagnée quelquefois d’un assoupissement
profond et d ’autres accidents nerveux.
Il n ’est pas jusqu ’aux spores de quelques espèces de
champiguons qui ne soient malfaisantes. Celles de VAgaricus
vellereus, F r ., goûtées, même en petite quantité, déterminent
des nausées et d ’autres symptômes graves. Le
docteui-Badham fut sérieusement incommodé, et cela pendant
plusieurs heures, pour avoir simplement goûté les
spores d ’un Agaric laiteux, qu’il ne nomme pas, mais qui
était probablement ce même Agaricus vellereus.
Un chien, qui avait déchiré en jou ant un pied de ce
champignon, en éprouva des douleurs presque incroyables,
q u ’il témoignait par une vive agitation. Est-ce à la
matière résineuse q u ’ils contiennent que les Lactaires doivent
leur propriété toxique, ou bien à Tamanitine qui alors
se trouverait mêlée à ce principe?
Les Lactaires ont une grande analogie de structure et de
vertu avec les Russules. Ce qui les différencie plus parti-*
culièrement, c ’est que celles-ci perdent en grande partie
leur saveur âcre lorsqu’on les laisse macérer dans TeaUj
tandis que les Lactaires gardent la leur.
J ai jad is, sur la foi des auteurs qui donnent Y Agaricus
nebularis, Batsch, de la section des Gymnopes, pour comestible,
mangé de ce champignon : j ’en ai été incomf
LEUR EFFET SUR L ’ÉCONOMIE ANIMALE, 191
modé. Une dame, qui en avait mangé le même jou r que
moi, en fut incommodée plus sérieusement que je ne
l ’avais été. 11 occasionna chez elle du malaise, des selles
nombreuses, des douleurs abdominales, de Tiuappétence.
Elle fut deux jours avant de revenir à Tétat normal.
Dans la section des Pleuropes, TAgaric styptique. Bull.,
Panus styplicus, Fr., est malfaisant. Mais sa petite taille,
sa chair molle et coriace en même temps, et sa saveur
acerbe sont cause q u ’on n’est pas tenté de le faire servir à
la nourriture; aussi a -t- il rarement occasionné des accidents.
Ses effets sont ceux des champignons âcres.
L ’Agaric de TOlivier, Agaricus olearius, Dec., autre Pleu-
rope, est donné par Micheli comme vénéneux, et par Bat-
tarra comme comestible. La propriété phosphorescente de
ce champignon suffirait pour le rendre suspect. La vérité
est qu’il est malfaisant.
Plusieurs Bolets sont dangereux.
Le Bolet satan, Boletus Salarias, Lenz, expérimenté pa'r
Lenz, mérite le nom qui lui a été imposé. Ce savant mycologiste
fu t fortement incommodé pour avoir seulement
goûté un morceau cru de ce champignon. 11 ressentit
des douleurs dans tous les membres. Le mal, il est vrai,
se dissipa assez promptement.
Une personne qui, aussi, s’était contentée d ’eu mâcher
un fragment, eut des vomissements vingt fois répétés, et,
de plus, de la fatigue et de la faiblesse, qui durèrent ju s qu
’à la fin du deuxième jour. D ’autres personnes c[ui en
avaient mangé très-peu ont été fortement incommodées : elles
ont éprouvé des vomissements nombreux qui leur ont fait
rejeter les boissons et les médicaments q u ’ou leur avait
prescrits. Elles ont eu du dévoiement, des selles sanglantes
et glaireuses ; leur pouls était faible, leur ventre affaibli;
tout leur corps était froid. Ces mêmes personnes avaient