développement, parce que, trop avancés en âge, ils sont
d une digestion difficile, et que d ’ailleurs, à peine arrivés à
leur maturité, ils entrent presque tous eu putréfaction,
d après cette loi générale que ce qui croît promptement
dure peu et s ’altère promptement. On doit laisser ceux
qm sont attaqués par les insectes ou leurs larves. Outre le
degout q u ’inspirent ces larves, nous ne savons pas si, mêlées
aux aliments, elles n ’auraient rien de nuisible.
Les truffes ne se trouvant pas à la surface du sol
comme les autres champignons, leur recherche exige une
attention toute particulière et une certaine habitude C ’est
ordinairement dans les terrains légers, liumides et ombrages,
cl’argile sablonneuse et ferrugineuse, dans les bois de
chênes et de châtaigniers, et dans le voisinage de ces bois
qu elles se plaisent. On en rencontre dans toute l ’Europe
excepté peut-êtreen Suède. En France, elles viennent snrtoiû
dans les provinces méridionales : c ’est là aussi q u ’elles ac quièrent
plus de parfum,
Le terrain qui les recèle présente des gerçures et quelquefois
de petites éminences à sa surface. Lorsqu’on le
frappe, il rend un bruit sourd; cet indice de leur présence
trompe rarement. Un indice plus certain encore, c ’est l ’o-
denr particulière q u ’elles exhalent et qui se fait sentir à
quelque distance ; odeur qui n’est pas toujours sensible pour
lomme, mais qui l ’est extrêmement pour les cochons,
animaux qui recherchent les truffes avec une avidité extrême,
et dont l ’homme a su tirer parti pour se procurer
ces plantes. Voici de quelle manière.
On conduit ces animaux, dressés le plus souvent d ’avance
a cette ch a s se , dans les terrains où l ’on sait q u ’il y a des
truffes; aussitôt que l ’on s ’aperçoit q u ’ils fouissent la
terre en un lieu plus particulièremi-nt, on accourt, on les
e oigne, et avec une petite béche on soustrait la truffe à
leur gloiitoiiiicrie. Pour no pas décourager l’animal, on lui
donne un gland, une châtaigne ou une pomme de terre.
Le cochon sent la truffe à une distance de trente à cinquante
mètres ; il la sent de même à près d ’un mètre de
profondeur.
Bruyerin dit q u e , de son temps, ou entourait d ’une
courroie le groin des cochons employés à la reclierche des
truffes, afin de les empêcher de dévorer ces plantes (i).
Cette sorte de muselière n’est plus en usage aujourd’hui.
Quoi q u ’il en soit, comme avec les porcs il faut une grande
surveillance, et que souvent il arrive q u ’ils ont dévoré les
turbercules avant que l ’on ait eu le temps d ’accourir, et
q u ’il faut même quelquefois les leur disputer, on a imaginé
de dresser des chiens barbets à cette sorte de chasse. B.are-
ment ces animaux montrent du goût pour les truffes ; cependant
, comme avec quelques soins on parvient à les
accoutumer à leur usage, quand une fois ils en mangent
avec plaisir de cuites et de crues, on peut les conduire à
la recherche de ces végétaux. Avec le chien, celle chasse
est facile et ne diffère guère de celle que l ’on fait avec le
cochon. Lorsque le chasseur voit q u ’il flaire plus particulièrement
certain endroit, et que déjà il gratte avec ses
p a tte s , il écarte l ’animal et, avec un o u t il, il enlève les
truffes. Pour ne pas décourager le chien, on lui donne les
plus petites à manger.
Il y a des insectes qui peuvent aussi servir à découvrir
le lieu d ’habitation de ces plantes. L ’un est une espèce de
tipule décrite et figurée par de Borch (2); les autres sont
des Hélomyces, insectes de la famille des Muscides, décrites
et figurées par M. Laboulbène. Ces insectes, dont les
(1) Brayerinus, p. 343.
(2) De Borch, L e ttre s su r les tr u ie s d u Piémont, pl. 3, f. 10.