
i '
LES ClIAMl'lGNüNS.
potasse, est un excellent calmant pour les personnes atteintes
île maux de nerfs.
La décoction dans le lait de la Pezize oreille de Judas,
E-xidia awicula Judæ, F r . , et son infusion jfrolongée
daus le vinaigre, étaient autrefois fréquemment employées
en gargarismes contre les esquinancies, le gonflement des
amygdales et autres maladies de la bouche et de la gorge;
aujourd’hui quelques personnes ont recours à leur usage
dans les mêmes circonstances.
En Allemagne, ce champignon, trempé dans l ’eau de
roses, est souvent usité dans la médecine du peuple pour
combattre les inflammations oculaires. On prétend q u ’on
l ’a administré avec succès aux hydropiques, de même que
le Bolet du Mélèze.
L ’Oreille de Judas passe pou r purgative ; il est douteux
qu’elle le soit eu effet, car elle est employée, ou du moins
une espèce qui lui ressemble singulièrement, est employée
comme aliment dans diverses parties du monde.
Avant que la ligature des artères fût devenue d ’un usage
vulgaire, on employait la poussière de la Vesse-loup gigantesque,
Lycoperdon giganteum, Batsch, et celle de la Vesse-
loup ciselée, Z. cælatum, BulL, pou r arrêter le sang. On s ’en
servait, comme on se sert aujourd’hui de poudre de colop
hane, de toile d ’araignée ou de linge brûlé. En A n gle terre,
c ’est encore aujourd’hui uu remède populaire contre
les coupures et les saignements de nez. Le v u lg a ire , dit
Murray, en fait u sa g e , en Allemagne, contre l ’état chassieux
des paupières des chevaux et des bêtes de trait, et
aussi contre leur diarrhée, dit Loesel ( i) . Valmont de Bo-
mare assure que les barbiers d ’Allemagne ont toujours
dans leurs boutiques de la poudre de Vesse-loup gigaii-
(t) Loeselius, Flora P ru s sk a , p. 82,
LEUR EMPLOI EN MÉDECINE, 227
tesque, q u ’ils mettent sur les coupures des rasoirs pour
arrêter le sang.
Les expériences de Lafosse prouvent combien son efficacité
est grande, puisque, chez le cheval, après que l ’on
avait coupé l ’artère crurale, on a arrêté la perte du sang à
l ’aide de la compression faite avec uu fragment du champignon,
recouvert de sa poussière séminale. Je ne sais, dit
Ascherson, si l ’on ne devrait pas recourir à l ’emploi de ce
moyeu, daus les cas d ’hémorragies gangreneuses, lorsque
le chirurgien, ne parvenant pas à les arrêter, croit n’avoir
plus de ressources que dans l ’amputation.
Les spores de la Vesse-loup géante, mêlées avec du lait,
sont un remède populaire en Italie contre le cours de
ventre des boeufs.
La fumée des Lycoperdons passe pour posséder des propriétés
anesthésiques, c ’est-à-dire de nature à abolir la
sensibilité générale. On l ’emploie depuis longtemps, en
Angleterre, avec succès, pour stupéfier les abeiUes lorsqu’on
veut prendre leur miel sans les détruire. On a même fait
usage de ces plantes comme substitut du chloroforme. Des
opérations, dit Berkeley, auraient été tentées avec succès
sous leur influence (i).
Le D' Richardson a pu endormir des chiens pendant
plusieurs heures et produire la suspension momentanée de
la sensibilité, en les exposant à la vapeur de la combustion
de la poussière do Lycoperdons. C ’est par le dégagement
de gaz acide carbonique et d ’oxyde de carbone que la fumée
opère; ce n ’est doue pas à la manière de l ’éther ou du
chloroforme. Du re s te , ce procédé ne fait-il pas courir
les mêmes dangers et peut-être même des dangers plus
grands que ceux auxquels sont exposées les personnes
(t) Berkeley, Gard en . Chron., 18C0, p. 289.