
L E S C H A M P I G N O N S
et privez, et pourtant ne feront nul mal ; car la vraye cou-
« trepoisou du cliampignou, c ’est le poirier ( i) . »
Ces mots : « Ainsi ascoutréz les faut jeter aux p rivez, » font
supposer cependant que A. Paré n ’était pas bien convaincu
de l ’efficacité du procédé.
Les médecins modernes, n’ayaut pas grande confiance
. aux vertus du poirier et de ses productions, ont renoncé
depuis longtemps à leur emploi comme contre-poison.
11 y a, je l ’avoue, peu à se fier à la décoction de queues
de p oires , comme moyeu préventif; comme aussi aux
feuilles, aux bourgeons et à l ’écorce du poirier.
,1’ai fait cuire douze grammes d ’Âgaric bu lb eu x, variété
verte, Ag. Phdlloidc.c, Pr ., et autant à’Ag. panlherirms,
Dec., avec de la viande; j ’ai versé dans ce mélange une
décoction concentrée de queues de poires et de queues de
cerises; j ’ai donné ce mélange à uu jeune chien, lequel a
présenté des symptômes d ’empoisonnement pou de temps
après, et a succombé le deuxième jour.
Chaiisarcl a prouvé, dit Leuz, que l ’on détruit immédiatement
le principe vénéneux des champignons, si l ’on
ajoute une décoction de noix de galle aux espèces que l ’on
a fait cuire.
Il est douteux que la décoction de noix de galle soit un
moyen sûr de détruire le principe toxique de ces plantes,
puisque la poudre de noix de galle et le tannin lui-méme,
ajoutés aux champignons, n’empêchent pas leurs fâcheux
effets de se produire.
Ces substances, autant du moins que j ’ai pu en juger
par mes expériences, atténuent ces effets, mais ne neutralisent
pas le principe toxique.
J’ai donné à des chiens des Amanites malfaisantes, V Aga-
(I) Ambroise Paré, OEuv res, 1. XXI , c. 43. Mort en 1590.
V É N É N E U X R E N D U S I N O F F E N S I F S .
ricus phalloides, \'Ag. Mappa, Y Ag. muscarius, YAg.pan-
therinus, soit mélangées de tannin, soit mélangées de noix
de galle en p ou dre, les chiens û ’en ont pas moins été
malades ; un de ces chiens est mort après trois jours de
souffrance.
J’ai donné à d ’autres chiens le tannin ou la poudre de
noix de galle immédiatement après l ’ingestion du champignon
vénéneux ; le résultat a été le même, les chiens ont
été malades.
Si le tannin et la noix de galle, mélés aux champignons
ou donnés immédiatement après leur ingestion, n ’empêchent
pas les effets du poison de se manifester, il ne faut
pas espérer qu’ils auront un meilleur résultat donnés trois
ou quatre heures après l ’ingestion , et lorsque déjà les
symptômes de l ’empoisonnement sont évidents. Administrés
alors ils pourront bien, comme dans les cas précédents,
amoindrir les effets du poison, mais non neutraliser le
principe vénéneux; ni le tan nin , ni la noix de galle, ne
peuvent d ’ailleurs s’employer comme moyens préventifs
par leur mélange dans la préparation des champignons,
soit pendant, soit après la cuisson, car alors ils donneraient
à ces plantes un goût insupportable.
l.e café contient du tannin, mais prohablemeut en quantité
trop faible pour atténuer d ’uue manière bien p rononcée
l ’action toxique des champignons.
Krapf dit q u ’ayant avalé un petit morceau à ’Agaricus
( Russula) inleger, F r ., bien cuit et bien pressé, il eu éprouva
beaucoup de mal, bien q u ’il eût pris, presqu’aussitôt après,
du café; moi-même j ’ai été incommodé, une partie de la
journée, pour avoir mangé à déjeuner trois pieds A'Agaricus
nehularis, Batsch., et cependant j ’avais, pour compléter
mon déjeuner, pris une tasse de café au lait.
M"“’ Boyer, ayant mangé à son diner de l ’Agaric bul