
nilles, celle du tithymale, par exemple, se nourrissent de
plantes qui sont de violents poisons pour l ’homme?
Divers mammifères, tels que les cerfs, les vaches, les
porcs, recherchent avidement certaines espèces de cham-
])ignons. Guidés par leur instinct, ou plutôt par les sens
dn goiit et de l ’odorat, ces animaux savent, lo rsqu ’ils sont
en liberté, faire choix des espèces ; aussi ne s ’empoisonnent-
ils jamais.
Il serait donc bien d ’ observer quelles sont celles q u ’ils
recherchent et celles q u ’ils dédaignent. L ’organisation do
CCS animaux différant peu de celle de l ’homme, il est é v ident
q u ’il y aurait plus de sécurité à manger les espèces
dont ils font choix qu’à manger celles qui sont attaquées
par des animaux tout à fait inférieurs. 11 ue faudrait pas
toutefois s’y fier entièrement, car on sait que le porc et la
chèvre mangent, sans être incommodés, divers végétaux
qui pour l’homme seraient des poisons, et que les lapins
et les cochons d ’Inde mangent impunément les champignons
vénéneux crus. Les porcs mangent de même la
fausse Oronge.
Comme on le voit, ni l ’habitat, ni la couleur, ni la
saveur, ni l ’odeur, ni la consistance, ni la facilité avec
laquelle les champignons sont ou ne sont pas attaqués par
les limaces, les insectes et les vers, ne peuvent fournir de
signes certains et absolus de la qualité de ces végétaux.
Quoi qu’il en soit, il sera toujours bien, avant de faire
usage d ’un champignon sur lequel on aurait des doutes,
de faire ce que font les anim.aux, c ’est-à-dire de consulter
les organes du goût et de l’odorat ; car il est rare q u ’une
espèce dont l ’odeur plaît et qui, goûtée crue, a une saveur
agréable, el qui persiste telle, ne soit pas comestible. Quant
à vou loir assigner aux champignons vénéneux des caractères
généraux pratiques qui les fassent distinguer des
autres esjiéces, et de jdus appréciables à tout le monde, la
chose me parait impossible.
'Pont ce que l ’on peut établir d ’une manière absolue,
c ’est que les diverses esjièces de l’iiallns et de Clathres
sont malfaisantes ; c ’est que, dans le genre Agaric, si
nombreux en o.spèccs, on n ’a, dans les subdivisions auxquelles
l'’ries a donné le nom de Heboloma, d ’inocyhe, de
Fiammnia, de Nancoria, d ’IIypholoma, de Lsilocybe, de
l’sathyra, de Fanaolns, signalé aucune espèce comme
comestible ; ce qui toutefois ue veut pas dire que toutes
celles qui composent ces subdivisions seraient nuisibles,
puisque jusqu’alors on n ’a pas cherché à constater les propriétés
de la plupart d ’entre elles.
Ce que l ’on sait aussi, c ’est que dans la section dos
Cortinaires, très-nombreuse en espèces, on n ’en a pas
jusqu ’à présent signalé une seule qui soit v énéneuse;
ioutes cependant ne peuvent pas être regardées comme
comestilûes, puisque plusieurs d ’entre elles ont une saveur
amère et désagréable.
On peut établir d ’une manière absolue que, dans le genre
Morille et dans le genre Hydne, il ne se trouve pas
d’espèces vénéneuses ; cpie toutes celles du genre Hel-
velle sont innocentes ; q u ’aucune espèce du genre ï r e -
melle n ’est mentionnée comme malfaisante, et q u ’enfin
toutes celles du genre Lycoperdon passent pour alimentaires
tant que leur chair conserve sa blancheur.
On a cru longtemps, et quelques personnes croient
encore, q u ’un moyen de reconnaître si nn champignon est
malfaisant ou comestible est de se servir, dans la préparation
de ces plantes, d ’une cuiller d ’argent ou d ’uue
bague en o r ; si, dans la cuisson du champignon, la cu iller
ou la bague noircissent, il est malfaisant ; si elles restent
claires, il est innocent.