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222 LES CHAMPIGNONS.
La mémo propriété était attribuée à l ’Agaric zoiié, J g .
(Lactarius) zonarius, Fr. autre lactaire. Vaillant dit que le
suc de cecbampiguon, pris avec le sirop d ’althæa, brise le
c a lcu l, d ’après une expérience certaine, en même temps
qu il provoque l ’u rine. ’ 11 dit aussi que par le frottement il
fait disparaître les verrues.
Au rapport de MM. Noulet et Dassier, les paysans du
Languedoc emploient aujourd’hui encore cet Agaric pour
cautériser ces excroissances. Sou suc agit à la manière
du lait de la chélidoine et du réveil-matin.
Césalpin attribue au Polypore tubérastre, champignon
cultivé à Naples sur la pietra fungaja, la vertu de provoquer
la sortie de l ’urine et des graviers; comme aussi celle
de dissiper les douleurs d ’estomac, de guérir l ’ictère et le
flux de ventre (i).
Pour en revenir à l ’Agaric poivré, ce champignon aurait
guéri la phthisie pulmonaire, lorsque déjà cette maladie
était accompagnée de fièvre hectique et de vomique du
poumon. M. Dufresnoy le réduisait en poudre, après l ’avoir
lavé, puis desséché dans un fou r : il en composait ensuite
un opiat ou électuaire de la mauièi’e suivante.
Conserve de r o s e s ................ 1 5 grammes.
Blanc de baleine.....................j
Yeux d ’é c r e v is s e s ................[ âa 8 gram.
Fleurs de soufre lessivé.. . )
Agaric p u lv é r is é .................... 12 gram.
Miel de Narbonne, quantité suffisante pour composer nn
électuaire dont on faisait prendre deux grammes et demi,
trois fois par jou r, délayé dans une infusion de mille-feuille
sucrée.
(I) Césalpin, 44.
LEUR EMPLOI EN MÉDECINE,
I f Agaricus (Lactarius) torminosus, F r ., était quelquefois
substitué à l ’Agaric poivré : on l ’ajoutait à l’électuaire,
mais à la quantité d ’un gramme cinquante centigrammes
seulement. Le quinquina aussi y était quelquefois ajouté,
à la dose d ’uo gramme, et l ’opium à celle de vingt centigrammes.
Le Pecq de Cloture faisait usage de ce même électuaire
dans les mêmes circonstances. Cette préparation, délaissée
aujourd’h u i , pourrait être essayée de nouveau dans les
cas de catarrhes chroniques et de phthisie non trop avancée.
Pourquoi aussi ne tenterait-on pas la guérison des ulcères
atoniques par l ’application sur les plaies de la pulpe,
du suc ou de la poudre d ’Agarics de la section des Lactaires
et des Russules ? Nous avons vu que le suc de quelques
unes de ces plantes, mis en contact avec la peau
dénudée, produit par son âcreté une inflammation limitée
qui ne détermine pas d ’accidents généraux. La chair écrasée
de ces Agarics ne pourrait-elle pas aussi être utilisée
pour produire la rubéfaction de la peau ?
L ’Agaric amer. B ull., Ag. elæodes,Pr., croit, pour ainsi
dire, toute l ’année, en touffes considérables, sur les souches
d ’arbres à demi pourries. Ce champignon, qui n ’est
jamais attaqué, ni par les insectes, ni par les limaces, p ro voque
, pris en petite qu antité , des vomissements et des
selles abondantes ; on pourrait donc le prescrire çn médecine
comme vomi-purgatif, en substance, en infu sion,
en décoction.
D’autres A g a ric s , tels que l ’Agaric fa s c icu la ire , Ag.
fascicularis, Huds., l ’Agaric rouge-brique pâle, Ag. suhla-
teritius, Schæff., jouissent des mêmes propriétés que l ’Agaric
amer. Une fois introduits daus les officines, ces cbampignous
y prendraient place à côté de la rh u b a rb e , du
séné, de l ’aloès, du nerprun, de la mercuriale, etc. Toute