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210 LES CHAMPIGNONS.
tion clans nne tasse du même liquide , sont des moyens
presque toujours sûrs de provoquer le vomissement. Si
l ’on ajoute à ces substances de i 5 à 3o grammes de sulfate
de potasse, de soude ou de magnésie, que l’on administre
par fractions, à des intervalles plus ou moins rapprochés,
on produit le double effet du vomissement et de la purgation.
On secondera les efforts du vomissement, en faisant
boire abondamment de l ’eau tiède ; et, si les effets de
la purgation tardaient à se manifester, il faudrait faire
prendre au malade des purgatifs un peu actifs, tels que le
séné, la rhubarbe, la casse, en décoction ; l ’huile de ricin,
mêlée au sirop de nerprun ou au sirop de fleurs de pécher,
les sels neutres en solution. Ces mêmes substances, prises
en lavement, pourraient être d ’une grande utilité.
Si l ’on n ’avait pas à sa disposition les médicaments dont
je viens de jiarler, comme l ’on perdrait des moments précieux
en restant inactif et en abandonnant le malade à
lui-même pendant le temps que l ’on mettrait à se les procurer,
il faudrait chercher à provoquer le vomissement,
en faisant boire au malade de l ’eau tiède en quantité, après
cjuoi ou introduit le doigt ju sq u ’au fond de la gorge, ou
mieux encore la barbe d ’une plume imbibée d’huile ou
trempée dans une infusion légère de tabac, avec laquelle
on chatouille toute l ’an-ière-bouche. On a recours de préférence
à l ’huile à brûler, comme plus nauséeuse : fumer
est, pour les personnes qui ne sout pas habituées à l ’usage
du taba c, un assez bon moyen d ’exciter des vomissements
et quelquefois des selles. La décoction d ’une pincée
de tabac haché ou en corde dans sS o grammes d ’eau,
donnée en plusieurs fo is , produit assez constamment le
vomissement : cette décoction le provoque, même prise en
lavement. Toutefois il ne faudrait pas dépasser la faible
quantité que je viens d ’indiquer, le tabac pris à forte dose
MOYENS UE REMÉDIEB AUX ACCIDENTS.
étant lui-même un poison violent. Ou a fait vomir des
malades en leur présentant ou en leur faisant avaler un
objet qui leur répugnait beaucoup.
Nous avons vu que les champignons vénéneux agissent
les uns à la manière des poisons âcres, irritants : tels sont
les Bolets, les Russules, les Lactaires ; les autres à la manière
des poisons essentiellement narcotiques, la fausse Oronge,
par exemple , et quelques autres tout à la fois comme des
poisons âcres et narcotiques, tels que l’Agaric bulbeux et
l ’Agaric panthère.
Les symptômes d ’empoisonnement différant selon que le
champignon agit comme poison irritant ou poison narcotique,
le traitement ne doit plus être le même, après
que l’on a provoqué le vomissement et des évacuations alvines.
Si l ’empoisonnement était accompagné d ’accidents nerveux,
sans q u ’il y eût apparence d ’iuflammatiou, on ferait
usage des antispasmodiques et des sédatifs. L ’éther sulfu-^
rique s’est acquis une certaine réputation contre ces d iverses
sortes d ’accidents. Je dois faire observer ici que ,
comme cette substance a la propriété de dissoudre le principe
actif des champignons, on ne doit recourir à son
emploi que lorsque le cliampignou est rejeté en entier,
ou tout à fait absorbé. 11 en est de même des acides, tels
que le v in a ig re , les sucs de c itro n , d’o ran g e , de verjus,
etc., dont l ’u tilité , de même que celle des dérivatifs,
est bien reconnue lorsqu’il y a stupeur et engourdissement.
Le coma, l’assoupissement, dans les empoisonnements
par les champignons narcotiques, est quelquefois si p rofond,
et la constriction des mâchoires si grande que l ’on
ne peut rien faire avaler au malade. On a proposé, dans ce
cas, de se servir d ’une sonde en cao u tch ou c , longue dé
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