
LES CHAMPIGNONS.
Dans les cas d ’empoisonnement par les champignons à
principe âcre, on trouve que l ’estomac, pour l ’ordinaire
vide d ’ahments, et les intestins vides de matière fécale,
mais distendus par des gaz fétides, ou contractés sur eux-
mêmes, sont constamment phlogosés, et presque toujours
parsemés à leur intérieur de taches livides et ulcérées, plus
ou moins étendues ; on trouve même quelquefois que des
portions considérables d ’intestins sont frappées de spha-
cèle. Tous les viscères abdominaux participent plus ou
moins à cet état morbide. Le foie, la rate, le mésentère,
sont gorgés d ’un sang noir ; il en est de même des poumons.
Des taches inflammatoires ou gangreneuses sont
disséminées sur divers points des membranes séreuses;
de semblables taches se sont rencontrées dans les ventricules
du cerveau, daus l ’oesophage, sur le mésentère, la
vessie, la matrice, et même sur le foetus d ’une femme e n ceinte,
disent les auteurs d ’un rapport fait à la Faculté de
Bordeaux sur les empoisonnements par les champignons.
Extérieurement, on remarque sur les téguments des taches
violettes, nombreuses et très-étendues.
L’empoisonnement par les champignons ne présente pas,
comme on a pu le voir, de symptômes qui lu i soient essentiellement
p ropres; tous ceux dont j ’ai fait mention p eu vent
se rencontrer dans l ’empoisonnement par d ’autres
substances végétales : il en est de même des lésions organiques
que constate l ’autopsie.
I
CHAPFTRE XIX.
DES JIOYEWS DE »EMÉDIEH AUX ACCIDENTS PRODUITS PAR LES
CHAMPIGNONS DÉLÉTÈRES.
Les personnes qui ont mangé des champignons vénéneux
étant presque toujours vouées à une mort certaine,
si elles ne sont promptement secourues, on doit, aussitôt
que les premiers symptômes de l ’empoisonnement se manifestent
, leur donner tous les secours que réclame leur
position. En l ’absence d ’antidotes bien constatés, ce que
le médecin a de mieux à faire, c ’est de débarrasser l ’économie
de la substance ingérée, afin de soustraire le malade
à son influence pernicieuse. On le fera donc vomir au
plus tôt, que le champignon appartienne à la classe de ceux
dont les effets sont surtout narcotiques ou à la classe de
ceux dont l ’action particulière est de déterminer des
désordres inflammatoires. Mais comme d ’ordinaire, lorsque
les premiers symptômes se déclarent, le poison se trouve
déjà en partie dans le canal intestinal, il convient, en
même temps que l ’on fait vomir, de procurer des évacuations
alvines.
L ’ipécacuanha, délayé daus l ’eau, à la dose de 5o centigrammes
à I gramme et plus, selon l ’âge de la personne,
ou l ’émétique, à celle de 5 ou lo centigrammes en solu-
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