
polypiers, dont les générations successives établissent leurs
habitations les unes au-dessus des autres.
Nous avons vu que les spores des champignons sont, les
unes contenues dans des cellules allongées, appelées thè-
qnes, les antres placées au sommet de filaments supportés
par ce que l ’on appelle des hasides. Dans les champignons
dont les spores sont renfermées dans des thèques, ces spores,
à la maturité de la plante, sont, à des intervalles plus
ou moins rapprochés, lancées dans l ’espace avec une certaine
force, sans doute par la contraction de la théqne;
et comme celle-ci contient, en même temps que les spores,
lin liquide huileux, ce liquide, projeté dans l ’air en même
temps que les sémiuules, se volatilise et forme ces petits
nuages tourbillonnants que l ’on voit s ’élever de temps à
autre de la surface de l ’hyménium des Pezizes et des Morilles.
Dans les champignons dont les spores sont supportées
par des basides, — les Agarics, les Bolets, les Hydnes, —
il semblerait que ces organes, en se détachant du filament
qui les porte, dussent tomber verticalement sur le sol et
d’une manière tout à fait passive ; il n ’en est point ainsi, la
plupart sont lancées dans l ’espace ju sq u ’à une certaine distance,
et en rayonnant, pour ainsi dire. Ce qui le prouve,
c ’est que, dans leur chute, les spores tracent, sur le sol ou
l ’habitat sur lequel le champignon a vécu, un dessin d ’un
diamètre beaucoup plus grand que le champignon hh-
mème dont elles se sont séparées. La nature a voulu q u ’il
en fût ainsi, afin que leur dissémination fût répartie d ’iino
manière plus étendue.
Malgré le peu de consistance que présentent, en général,
les champignons, ces plantes ont pour la plupart une
forme expansive de végétation véritablement remarquable.
Non-seulement elles poussent avec rapidité, mais encore.
dans leur croissance rapide, elles peuvent soulever des
poids et des masses considérables. Le docteur Charpentier
rapporte, dans ses Eléments de physiologie, que, dans le
\ oisinage de Basingstoke, une dalle mesurant 21 pouces
carrés et pesant 83 livres, fu t soulevée et sortie de son lit
à une hauteur d ’uu pouce et demi par une masse de Road-
stools, — Agarics, — de 6 à 7 pouces de diamètre, et il
ajoute que presque tout le pavé de la ville subit un déplacement
par la même cause.
Les .àgarics, du reste, ne sont pas les seids champignons
qui puissent déplacer des pavés, des masses de terre ; on
a vu des dalles, des pierres volumineuses, soulevées par
des Lycoperdons.
Diverses espèces de Polypores et d ’Hydues ue se coiiten-
teiit pas de lutter contre les obstacles qui s’opposent à leur
développement; elles agglutinent, enveloppent les corps
qui se trouvent dans leur voisinage, fragments de bois,
herbes mortes ou vivantes; elles les étreignent si fortement
qu’il semble que ces corps étrangers ne fassent qu’un avec
leur propre substance.
Le phénomène appelé contractilité se produit dans plu sieurs
espèces de chamjiigiions. Nous venons de voir q u ’il
existe dans les thèques et les basides, à l ’époque de la maturation
des spores.
M. Robsoii, observant le Clathre grillagé, a constaté uu
mouvement sensible dans une partie des fibres du sommet
de la plante, au moment où elle sortait du volva; l ’ayant
touchée avec la pointe d ’une épingle, il a vu avec surprise
que le mouvement des illiros était encore plus prononcé.
Les champignons blessés ont une puissance de réorganisation
remarquable. Si l ’on enlève une partie des tubes
d ’un jeune Bolet, il les reproduit. Que ces mêmes tubes
soient rongés, détruits par les limaces, chez les jeunes indi