LES CHAMPIGNONS. INFLUENCE DU SOL ET DE L’HABITAT.
Il est à regretter aussi q u ’il iio nous ait pas donné la
description des espèces dont il a fait usage, ou tout an
moins ne nous ait pas dit à quel genre ces espèces appartiennent.
,1e ne sais si l’on peut admettre comme certain q u ’il n ’y
ait pas de champignons malfaisants dans l ’ile de Madagascar;
toutefois on aurait tort de conclure du fait raconté
par M. Leguelvel q u ’il n ’en existe pas dans les régions
intra-tropicales; car, dans la relation d ’un autre voyageur,
le commandant Guillaiu, aujourd’hui gouverneur de la
Nouvelle-Calédonie, ou voit un exemple d ’empoisonnement
par ces plantes, arrivé dans l ’ile de Mombase, située
près de la côte de Zanguebar, au troisième degré, 3o minutes
de latitude sud, et, par consécpient, dans une contrée
plus rapjîrochée de l ’équateur c¡ue ne l ’est Madagascar.
Parlant des migrations qui avaient eu lieu de l ’intérieur
de l ’ilo vers le littoral, M. Guillaiu dit : « Qu ’un groupe
d ’émigrants venus d ’un territoire voisin de celui des Oua-
Kouavi, fuyant devant les O u a -G a lla is , s’étant avancés
dans le sud ju sq u ’à un endroit nommé depuis Chaka-
lam’guy, virent beaucoup de cbampignous, dont ils mangèrent;
parmi ces cbampignous, il y en avait de vénéneux,
et les individus qui en avaient mangé moururent ( i) . »
Dans la Nouvelle-Calédonie, colonie française située
entre le 19” et le 22“ degré de latitude sud, il existe aussi
des champignons malfaisants et des champignons comestibles.
Les indigènes se gardent bien de manger les premiers;
quant aux espèces alimenlaires, ils les récoltent lorsq
u ’ils les rencontrent, mais ils ne les recherchent pas.
Dans la basse Cochiuchine, autre colonie de France, il
(1) Documents su r l'h isto ire , la géographie e t le commerce de l'A fr iq u e
o rientale, par M. le capitaine de vaisseau Guillain, in-8".
SO trouve également des cliampigiions dangereux et des
champignons comestibles; l'un des plus estimés est l ’^gn-
fictis jimeldrius, Lonrciro, lequel vient sur la fiente des
buffles, après les premières pluies ( i) .
Comme ou le voit par ces exemples, l’ affaiblissement
prétendu des propriétés toxiques des champignons, à mesure
que l ’on s ’avance vers l ’équateur, n’est nullement
démontré. Ce q u i, au contraire, parait bien démontré,
c ’est que les espèces malfaisantes gardent leurs propriétés
toxiques partout où on les rencontre, de même que les espèces
comestibles gardent les leurs. Il est certain du moins
que \’Agaricus ctimpeslris, L ., le champignon de couclie,
lequel semble avoir suivi l ’homme partout où il lui a phi
d ’aller établir sa résidence, et que l ’on rencontre aujourd
’hui sons les tropiques comme aux confins dn pôle arctique,
est alimentaire partout. On en peut dire autant de la
Chanterelle, CantitareHus ciburius, Fr., champignon cosmopolite
aussi, c ’est-à-dire qui croit indifféremment sons
toutes les latitudes.
Influence du sol et de l'habitat.
La constitution géologique du sol, elle aussi, a-t-elle une
action sur les propriétés toxiques ou alimentaires des
champignons? Augmente-t-elle on diminue-t-elle ces propriétés
?
Si la nature du sol modifie, dans uu sens ou dans l ’autre,
les vertus des champignons, il faut que ce soit d ’une manière
bien peu sensible, puisque ju sq u ’alors ces modifications
n ’ont été signalées par aucun auteur.
Les espèces qui viennent dans toutes les formations géo-
(I) Jouan, .Science p o u r ious, 7 septemlirc i86,ï.