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cependant trouvé bon goût à ce champignon malfaisant. Le
Bolet satan est assez rare en France ; nous devons nous en
féliciter.
Le Bolet pernicieux, Bull., Boletus luridus, Schæff., est
au contraire très-commun dans nos contrées, surtout en
automne. Il occasionne des accidents analogues à ceux que
produit le Satanas, mais généralement moins graves. Pris à
l ’intérieur, c ’est sur les voies digestives surtout q u ’il agit.
11 est nuisible aux animaux ainsi q u ’à l ’homme.
Le Satyre fetide, Phallus impúdicas, Lin., champignon
qui n ’est pas rare en France, sent, lorsqu’il est jeune, la
pomme de reinette; mais, eu vieillissant, il exhale une
odeur infecte et comme cadavéreuse tellement repoussante
qu’un seul pied apporté dans une chambre la rendrait
inhabitable.
Un botaniste, dit Badham, ayant laissé par mégarde un
de ces champignons dans sa chambre à coucher, fut bientôt
éveillé par les émanations insupportables q u ’il exhalait
: aussi s’empressa-t-il d ’ouvrir la fenêtre et de le jeter.
H pensait être débarrassé de l ’odeur en même temps que
du champignon, mais celle-ci persista plusieurs heures encore
après q u ’il eut été jeté, .l’ai constaté cette persistance
de l ’odeur.
Le gaz qui s’échappe du volva du Phallus au moment de
sa rupture, recueilli par Godefroy, tua presque aussitôt un
moineau q u ’il avait plongé dans un volume d ’air dont ce
gaz formait la quinzième partie.
Le Clathre treillagé, Clathrus cancellatus. Lin., exhale
une odeur plus fétide encore que celle du Phallus. Ce
champignon, si singulier dans sa forme, est délétère comme
ce dernier.
Le docteur Badham, cité plus h au t, raconte q u ’étant
resté dix minutes dans une pièce où se trouvait un pied de
LEUR EFFET SUR L ’ÉCONOMIE ANUIALE. 193
Clathre, il y était resté dix minutes de trop ; il ne dit pas
ce qu’il a ressenti.
Paulet raconte, d ’après le témoignage d ’Ayman, médecin,
q u ’une jeune personne, ayant mangé un morceau de
ce champignon, éprouva, deux heures après, une tension
douloureuse au bas ventre, avec des convulsions violentes.
Elle perdit l ’usage de la parole et tomba dans un assoupissement
qui se prolongea au-delà de cinquante-deux heures.
On parvint à dissiper ces accidents, en lui donnant un vo mitif
qui lu i fit rendre un fragment du champignon avec
deux vers et des matières muqueuses teintes dé sang. Elle
fut plusieurs mois à se rétablir complètement.
Les paysans des Landes sont, dit-on, si bien persuadés
de ses propriétés malfaisantes q u ’ils vont jusqu ’à croire
q u ’il peut donner le cancer, et q u ’il suffit de le toucher
pour attraper la gale; aussi ont-ils soin, lorsqu’ils le rencontrent
daus les bois de pins^ où il se trouve plus communément,
de le couvrir de feuilles ou de mousses. Son
odeur infecte, son aspect repoussant et la sensation de chair
crue q u ’il fait éprouver lorsqu’on le touche, ont bien pu
donner lieu à cette croyance superstitieuse.
Les Lycoperdons (Vesses-loup ) sont alimentaires dans
leur premier âge; ils deviennent nuisibles lorsque leur
chair passe au jaune-verdâtre, et commencent à se r a mollir.
Leur poussière respirée fortement cause des éternuements
violents et quelquefois des hémorrhagies. Lancée
dans les yeux, elle provoque le larmoiement, dé la cuisson,
de la rougeur et même des inflammations violentes.
Vaillant dit que le Sçleroderma verrucosum, Pers., pris
intérieurement, est mortel.
VElaphomj ces granulatus, Er. (Sçleroderma ceivinum,
Pers.) est recherché par les bêtes fauves et surtout par les
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