
beux, Ag.phalloides, variété verte, se trouva empoisonnée.
Les premiers symptômes déclarés, on lui donna du café.
Elle fut calme jusqu a trois heures du matin, après quoi
d’autres symptômes plus graves survinrent. Le médecin
appelé la soumit à un traitement des plus rationnels; elle
succomba néanmoins quarante-huit heures environ après
l ’ingestion du champignon. M“ " Boyer qui, elle aussi, avait
mangé de ce champignon et n ’avait pas pris de café, est
morte quelques heures après sa fille ( i ) ; donc le café n est
nullement l ’antidote du poison.
Le thé aussi contient du tannin ; ses propriétés sont à peu
près celles du café; combien de personnes cependant en
ont pris après avoir mangé des champignons malfaisants et
n ’ont été que médiocrement soulagées!
On a prétendu que le suc de citron, employé comme
assaisonnement, pouvait rendre comestibles les cliampi-
gnons malfaisants; il n’en est rien.
J’ai donné à un chien un mélange de vingt grammes
d’Agaric bulbeux, variété blan ch e, et A'Agaricus panthe-
rinus, D e c., cuits avec de la viande; j ’ai exprimé dans ce
mélange du suc de citron, en quantité plus grande que
celle que l ’on emploie dans l ’assaisonnement des mets; ce
chien est mort trois jours après.
,1’ai donné à un autre chien quatre-vingts grammes A 'A garleas
pantherinus, cuit avec de la viande et du citron, suc et
é co rce; à uu autre chien pareille quantité de fausse
Oronge, préparée de la même manière. Les chiens goûtèrent
ce que je leur apportais et le laissèrent tout aussitôt;
j ’eus beau tortiller le mélange dans de la viande nouvelle,
ils refusaient cette viande ; c ’est à peine si je pus leur faire
manger la moitié de ce que j ’avais préparé pour l ’un et pour
(1) Jo u rn a l de chimie m éd ica le , année 1846.
l’autre. Tous les deux furent malades assez sérieusement;
le lendemain cependant ils paraissaient tout à fait remis.
Le Grec Nicandre, grammairien, poète et médecin tout
à la fois, lequel vivait un siècle avant notre ère, regardait
le vinaigre comme l ’assaisonnement et l ’antidote des champignons
Il dit que, apprêtés au vinaigre ou à l ’oxymel, ils
perdent leurs mauvaises qualités.
L ’expérience a appris que le vinaigre ue détruit nullement
leur principe toxique. T1 y a plus : ce principe étant
soluble dans les acides affaiblis, le vinaigre, mêlé aux champignons
dans leur préparation comme aliment, développerait
leurs funestes effets plutôt qu’il ne les atténuerait.
L ’huile, le beurre, la graisse, le sel, employés comme
assaisonnement dans cette même préparation, ne détruisent
point et même n’affaiblissent point leur principe malfaisant.
H en est de même de la dessiccation et de l ’ébullition, du
moins pour ce qui est des Amanites.