
assaisonnements que les antres, — soit comme condiment
( i) . »
Ce procédé a été expérimenté par F. Gérard lui-même,
en présence des membres que le Conseil de Salubrité avait
désignés pour constater son efficacité : ces membres étaient
MM. Beaude, Flandiu et Cadet de Gassicourt; sur l ’invita-
tioii de ce dernier, je me suis joint à la commission,
■fai tout d’abord vérifié que parmi les espèces que
(iérard avait préparées se trouvaient quelques pieds de
fausse Oronge, Agaricus muscarius, Lin., et d ’Agaric b u lbeux,
Agaricus bidbosus, Bull., champignons essentiellement
délétères. Gérard a mangé de ces champignons en
présence de la commission ; sa famille en a mangé, plusieurs
membres de la commission en ont goûté, j ’en ai fait
autant, personne n ’a été incommodé.
Les expériences de Gérard confirment donc ce que l ’on
savait d ’ancienne date de la possibilité d ’enlever aux champignons
leurs propriétés délétères, par une macération
prolongée dans une eau acidulée ou salée, et peut-être
même dans de l ’eau pure, et les traitant ensuite par l ’ébul-
lition et le lavage. Je dis peut-être même dans l ’eau pure,
car il n ’est pas démontré que le sel ou le vinaigre soient
absolument nécessaires pour enlever le principe toxique;
Bulliard dit positivement q u ’ou affaiblit le principe en
lavant les champignons dans deux ou trois eaux, et eu les
faisant cuire ensuite dans plusieurs eaux que l ’on jette à
mesure qu’ils acquièrent différents degrés de cuisson. Daus
le Poitou, on mange, ajoute-t-il, la fausse Oronge préparée
ainsi (2).
Le procédé Gérard n’est donc guère, comme ou le voit.
(1) Revue sc ien liß q u e et in d u s tr ie lle , 1851.
(2) P la n te s vénéneuses de la Fra n c e , p. 75.
que celui qui était en usage dès les temps les plus anciens.
Il n’est pas besoin d ’ajouter que le liquide dans lequel
on a fait macérer les champignons, se chargeant du principe
actif sans le neutraliser, devient un poison violent
qui, essayé sur des animaux, leur donne presque toujours
la mort. M. Pouchet, de Rouen, a fait bouillir dans un litre
d ’eau, pendant uu quart d ’heu re , six fausses Oronges; la
décoction^ donnée à un chien, le tua peu d’heures après,
tandis que les champignons eux-mêmes furent mangés sans
inconvénient par un autre chien. Cette expérience, répétée
un grand nombre de fois, soit avec la fausse Oronge, soit
avec r.Agaric bulbeux. Bull., lui a toujours donné des
résultats semblables ( i) .
Je dois faire observer ici que le simple fait de blanchir
les champignons, suffisant peut-être pour enlever entièrement
le principe malfaisant de la fausse Oronge, ne l ’enlève
complètement ni à l ’Agaric Panthère, Ag. pantkerinus, Dec.,
ni probablement à l ’Agaric bulbeux, puisqu’on cite des
exemples de personnes qui sont mortes, et qui cependant
avaient traité ces champigons par l ’eau bouillante, jeté cette
eau et ressuyé les champignons avant de les assaisonner.
Le blanchiment ne suffit pas non plus pour détruire entièrement
le principe actif de l ’Agaric nébulaire, Ag. piieo-
iarius, Bull,, je le sais par expérience.
lo u t satisfaisant rjue paraisse le procédé préconisé par
f iérard, la prudence conseille de ne pas faire un usage alimentaire
habituel de champignons toxiques traités par cette
méthode, puisqu’il suffirait de l ’oubli d ’une portion très-
petite de certaines espèces, de l ’Agaric bulbeux, par exemple,
que par mégarde on n’aurait pas soumise à la macé-
(I) J o u rn a l des connaissances médicales, 1838-1839, t. VI, p. 347.
■F JUil