
L E S C H A M P I G N O N S .
Une autre espèce de champignon, d ’une grande dimension,
et pliosphorescente aussi, a été trouvée en Australie
dans la colonie de la Rivière du Cygne.
Les Agarics ne sont pas du reste les seuls champignons
qui émettent de la lumière visible la nuit. Pline parle d ’un
champignon blan c , odorant, q u ’il appelle A ga ric , sans
doute le Polypore officinal, luisant dans les ténèbres, signe
qui le faisait reconnaitre, et que pour cette raison on
récoltait la nuit (i).
Le Polypore soufré, P . sulfureus,'pT., qui est très-voisin
du Polypore officinal, a été trouvé tout lumineux sur un
vieux chêne du bois de Boulogne. 11 ressemblait, dit Paulet,
à des flammes de feu dans l ’obscurité (2).
Une autre sorte de champignon , appelé Rhizomorphe,
à cause de sa ressemblance avec une racine, et que l ’on
regarde aujourd’hui comme une monstruosité d ’un champignon
qui vient naturellement en plein air, mais dont le
développement a été contrarié p a r la privation d’air renouvelé
et de lumière, croît abondamment dans les mines
souterraines. Ce champignon, dans quelques-unes de ces
mines, couvre la voûte, les parois, les piliers, de ses
rameaux noirs, fibreux, entrelacés, lesquels donnent une
lumière phosphorescente qui éblouit presque l ’oeil du spectateur,
et va ju sq u ’à donner aux galeries l ’apparence d ’un
palais enchanté pour une fête de nuit.
On a remarqué aussi des mycélium qui avaient un aspect
lumineux ; celui de la Truffe est dans ce cas; il émet quelquefois
une lueur phosphorescente.
Les feux follets aperçus, la nuit, dans les marécages, les
vieux bois humides, ne sont, pour quelques personnes.
(1) P lin e , 1. X V I, 13.
(2) P a u le t, t . I l , p . 100.
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que la lumière vacillante de champignons à l ’état de
décomposition.
Peut-être aussi est-ce à la présence d ’un mycélium que
certaines souches de bois et de racines d ’arbres coupés
doivent la propriété lumineuse q u ’elles gardent plusieurs
jours de suite.
On ue nous dit pas ce qui donne aux champignons cette
propriété. Ne serait-elle pas due à la présence du phosphore
dans ces végétaux? Ce corps s’y trouve, au moins à
l'état de combinaison, puisque la présence de phosphates
a été constatée dans presque tous les champignons qui
ont été soumis à l ’analyse.
L ’explication la plus plausible du phénomène de la
phosphorescence des champignons est que le phosphore
que renferment ces plantes se consume lentement en se
dégageant de ses combinaisons actuelles. La phosphorescence
de l ’Agaric de l ’olivier ne peut guère cependant être
rapportée à la décomposition du champignon, puisqu’elle
est, dit AL Léveillé, d ’autant plus prononcée que le champignon
a plus de vigueur.
L’opinion commune est que les champignons, comme la
plupart des autres végétaux, contribuent puissamment à
purifier l’air des lieux où ils croissent. Jl paraîtrait tout au
contraire, d ’après les expériences des physiciens, q u ’ils
vicient 1 air au lieu de le purifier, car ils absorbent une
grande quantité d ’oxygène, et dégagent en retour du gaz
,acide carbonique. Ils exhalent aussi, d ’après quelques expérimentateurs,
du gaz azote et du gaz h yd ro g èn e , substances
qui, de même que l ’acide carbonique, sont de nature à
vicier l ’air plutôt q u ’à l ’assainir.
Placés sous l ’eau, ils dégagent un gaz, composé d’hydro-
géne et d ’azote. Exposés sous une cloche, à la lumière, ils
n exhalent pas d ’oxygène, comme font les plantes phané-
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