
Une méprise fatale dans l ’usage de ces plantes causa,
au rapport de Pliue, la mort d ’Annæus Serranus, capitaine
des gardes de Néron.
En 17 5 1 , la princesse de Conti, étant à Fontainebleau,
prit de fausses Oronges pour de véritables Oronges; elle
les cueillit elle-même et s ’en fit servir un plat. Après en
avoir mangé, elle éprouva des accidents très-graves ; sa vie
même fut en danger.
Le seul toucher, l ’odorat même de diverses espèces de
champignons, ont suffi, au témoignage de quelques p e rsonnes,
pour produire des symptômes d ’empoisonue-
ment.
Bauhin raconte q u ’ayant manié le champignon q u ’on
appelait alors Fiingus albus acris, Agaricus (Lactarius) zo-
narms. Bull., et s ’en étant frotté les yeux par h asard , il
en éprouva une vive irritation.
Rhasis parle d ’un champignon dont la poudre mise sur
un bouquet empoisonne lorsqu’on le flaire. Hilden cite
un cas d ’empoisonnement de ce genre. Ces auteurs ne nous
disent pas quelle espèce de champignon aurait fourni cette
poudre fatale. Il est certain que la poudre des champignons
malfaisants ne serait pas respirée impunément.
Clusius (l’Ecluse) raconte q u ’ou lui avait présenté à Amsterdam
plusieurs individus du Phallus Hadriani, Ven t., et
que, toutes les fois q u ’il le serrait dans la main, il éprouvait
un engourdissement. Cette espèce aurait-elle disparu ? aucun
mycologiste ne dit l ’avoir rencontrée.
Il est certain q u ’il y a des espèces à odeurs pénétrantes,
qui, fraîches ou même desséchées, étant laissées dans une
chambre à coucher, ont occasionné de violents maux de
tête à la personne qui y avait passé la nuit.
Pennier de Longchamps dit q u ’ayant récolté au pied
d uu chêne un champignon q u ’il garda une nuit dans sa
chambre, le lendemain en s’éveillant il se sentit suffoqué
par une odeur fétide ( i ).
MM. Tulasne disent aussi que s’étant imprudemment
enfermés, pendant la nuit, dans une chambre étroite où
se trouvait l ’Agaric annulaire. Bull,, Ag. melleus, Fl. Dan.,
l ’air fut tellement vicié par l ’odeur putride et les exhalaisons
du champignon q u ’ils en furent comme asphyxiés.
Lenz aussi fut incommodé pou r avoir laissé n eu f pieds
du Bolet satan, dans sa chambre.
Plus d ’une fois, j ’ai eu des maux de tête pour avoir séjourné
trop longtemps dans une pièce où j’avais déposé
diverses espèces de champignons.
Bassins dit q u ’une espèce de Phallus q u ’il décrit, et qu’il
propose d ’appeler P hallo idaslrum Bononiense alpinum,
exhalait une odeur tellement forte q u ’il en éprouva un
violent mal de tête.
La femme d ’un médecin, M. J. Busson, ayant goûté par
distraction d ’un champignon désséché, fut obligée de
le rejeter aussitôt après l ’avoir mâché : une demi-heure
après, bien q u ’elle eût rincé sa bouche, elle sentit du malaise
; prise de nausées, elle fit des efforts pour vomir et
ressentit une douleur violente à l ’estomac : heureusement
elle vomit. On offrit de ce champignon à un chat qui refusa
d ’en manger; on lui en présenta d ’autres, il les dévora.
^Les plus dangereux de tous les champiguons sont sans
contredit ceux qui appartiennent au sous-genre Amanite
des Agarics : ce sont ceux du moins qui occasionnent les
accidents les plus graves et les plus fréquents ; ceux qui,
chaque année, pour ainsi dire, causent la mort de familles
entières.
La plus pernicieuse des espèces d ’Amauites est XAga-
(1) P. de Longchamps, p. 50 et 57.
(2) Tulasne, Select, fu n g . Carpol. mi -n
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