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LES CHAMPIGNONS. SYMPTOMES.u k L ’EMPOISONNEMENT QU’ILS CAUSENT. 207
l ’estomac et de l ’anxiété, signes précurseurs de l ’inflammation
de cet organe e t du tube intestinal; inflammation caractérisée
bientôt par de la douleur à l ’épigastre, de la
sécheresse à la gorge, une soif ardente, de la fréquence
dans le pouls, des vomissements répétés, des selles nombreuses,
une agitation extrême et quelquefois des mouvements
convulsifs. Ces cbampignous paraissent agir sur
l ’économie à la manière des acides ou des alcalis concentrés.
Il n ’est pas rare q u ’ils tuent après deux ou trois jours
de souffrance ; mais, si le traitement a été prompt et bien
dirigé, rarement ils vont jusqu ’à donner la mort.
Quant aux champignons qui contiennent un principe
nai’cotico-âcre (l’amanitine), tels que l ’Agaric bulbeux. Bull.,
et ses variétés, verte, blanche, jaunâtre, Ag. [Amanita)
Phalloides, fr ., Ag. [Amanita) Mappa, Batsch, l ’Agaric
panthère, Ag. [Amanita) pantherinus, D e c., l ’Agaric fausse
Oronge, leur action est plus lente à se manifester que celle
des précédents. D’ordinaire, il se passe quatre heures, six
heures, douze heures et souvent davantage avant que les
premiers symptômes se déclarent.
Ceux -c i débutent par de la pesanteur de tête, un peu
de trouble dans les idées, des douleurs vagues, de l ’abattement,
de la stupeu r; puis viennent des nausées, des vomissements,
auxquels succèdent la diarrhée, la cardialgie,
les douleurs abdominales, l ’anxiété, l ’oppression, une soif
vive. Le malade a le visage pâle, décomposé ; il éprouve
des accidents nerveux, tels que des convulsions violentes,
un délire taciturne ou un délire ga i; quelquefois même il
a des visions fantastiques, mais plus souvent encore, il
tombe daus un assoupissement comateux dont il est difficile
de le tirer. Le malade a des défaillances fréquentes ;
le pouls, devenu petit, dur, serré, s’affaisse de plus en
plus; une sueur froide se répand sur tous ses membres;
Enfin la mort, presque toujours prévue et annoncée par le
malade lui-méme, vient mettre uu terme à ses souffrances.
Il meurt tantôt dans les angoisses d ’uue convulsion déchirante,
tantôt plongé dans une léthargie profonde.
Le plus souvent les malades succombent dans les quarante
huit heures qui suivent l ’empoisonnement, mais
quelques-uns languissent cinq ou six jours et finissent par
succomber. On comprend, du reste, que le poison ait des
effets variables selon la quantité de champignons qui a été
ingérée et selon la constitution des individus. Mais combien
de personnes ont trouvé la mort, qui n’avaient mangé
q u ’un seul pied de champignon du sous-genre Amanite!
Un fait bien digne de remarque dans l ’empoisonnement
par ces végétaux, c ’est que presque toujours les personnes
qui en ont fait usage les ont mangés avec p la isir; rien, une
fois qu’ils sont assaisonnés, ne trahissant leurs mauvaises
qualités.
A l ’ouverture du corps des individus qui ont succombé
à l ’empoisonuement par les champignons à principe narcotique,
on ne voit souvent aucune trace d ’inflammation
de l ’estomac et des intestins, bien que le malade ait eu des
vomissements, des selles répétées et des douleurs abdominales,
indices presque toujours certains d ’une inflammation
des voies digestives. Chez ceux-ci, le foie est le plus
ordinairement volumineux, pâle, sans consistance; la v é sicule
du fiel est vide.
Réveillé-Parise, qui avait eu bien des fois occasion d ’ouv
rir des cadavres de soldats morts pour avoir mangé des
champignons du so u s -g en re Amanite, a le plus souvent
observé que l ’actiou toxique avait été seulement stupéfiante
: la membrane muqueuse, gastrique et intestinale,
étant tout à fait saine. L ’action toxique s’était portée plus
particulièrement sur le système nerveux.