et Hankeoir se trouve l’embouchure du grand canal qui
conduit au lac Toungting.
Itchang-fou a une position plus favorable encore que
Sha-se : situé à la limite de deux contrées essentiellement
différentes comme climat, comme nature du sol et comme
cultures, cette ville devrait être un grand entrepôt de commerce.
De plus, l’île Si-pa, reliée à la terre (rive gauche)
pendant la saison des basses et des moyennes eaux, forme
un port naturel à l’abri du courant. Les marchandises susceptibles
de fournir un élément au commerce d’exportation
sont ici les mêmes qu’à Hankéou. Jusqu’ici, le nombre des
vapeurs étant insuffisant, une grande partie du commerce
se fait par jonques. Mais on pourra encore augmenter le
tonnage de la flottille...
En résumé, si le Yang-tse offre quelques difficultés de
navigation dans les marécages du Hou-pe, ces difficultés
sont aisées à vaincre. Le commerce, important déjà, des
deux villes de Sha-se et Itchang-fou, deviendrait plus important
encore si, le tonnage global des vapeurs augmentant,
on arrivait à supprimer les lenteurs du transport par
jonques. J’ajoute immédiatement que cette importance n’aurait
toute son ampleur que si le bassin supérieur, s’étendant
de Itchang à Tchoung-King, possédait lui aussi un service de
bateaux à vapeur. Nous allons maintenant étudier ce troisième
bassin.
30 et 40 De Itchang à Tchoung-King et au delà. — Dans
cette portion du fleuve, nous sortons absolument des sentiers
frayés, car, d’une part, l’hydrographie n’en a pas été faite
avec tout le soin désirable, et, d’autre part, il reste à déterminer
les conditions dans lesquelles la navigation « pratique
» serait possible.
Le seul document que nous ayons à notre disposition est
le levé exécuté par le P. Chevalier en 1897 et 1898. Chargé
de visiter les stations météorologiques des douanes chinoises
pour le compte de l’observatoire de Zi-Ka-Wei, le P. Chevalier
fut amené à remonter en jonque le Yang-tse de Itchang-
fou à Ping-chan-hien. Durant ce long voyage, il entreprit de
sonder le lit du fleuve en même temps qu’il déterminait avec
exactitude un certain nombre de points géographiques. De là
un levé dont les détails manquent sans doute de précision,
mais dont les grands points peuvent déjà servir de base à
des levés plus étendus. C’est donc une solution approximative
de la première partie du problème concernant l’hydrographie
du haut Yang-tse. Quant à la seconde partie, relative
à la navigation à vapeur, elle a été résolue, elle aussi,
mais avec un degré d’approximation plus faible, par des
canonnières anglaises. Nous étudierons sucessivement ces
deux parties du problème.
Hydrographie du Haut-Y an g-tse. — Si les marécages du
Hou-pe rendent la navigation difficile, entre Hankéou et
Itchang, par suite du peu de profondeur et de l’instabilité du
lit, l’écueil du troisième bassin du Yang-tse est tout autre. Ici
le courant est l’ennemi, et le lit du fleuve, encaissé entre de
hautes falaises qui se resserrent parfois, forme des rapides
rendus plus dangereux encore par les apports de cailloux
des torrents. Il ne faudrait pourtant pas s’exagérer la difficulté
qu’ajoute à la navigation cette barrière de rapides.
Cinq seulement méritent une mention spéciale, les autres
n’étant que des portions du fleuve où le courant devient
plus fort. Ce sont :
Le Ta-Tong-t’an, situé entre les gorges de Nieou-Kan-
ma-fei et cèlles d’Itchang, et formé par trois amas de roches,
qui coupent en deux le lit du fleuve : la passe praticable se
trouve entre les roches et la rive gauche, et a une largeur