s’il ne se résigne pas à y passer la nuit, attaquer par des
arguments sonnants la vertu du gardien, qui, d’ailleurs, se
laisse faire. A côté des rues de Chin-Kiang, celles de Nan-,
kin paraissent presque droites, larges et propres; les magasins
de Nankin sont aussi mieux montés. Toutefois, quelques
belles boutiques de thé, quelques bibelots de jade ou de
cristal de roche, ou quelques vases du Kiang-si, dans des
écrins, se font remarquer dans la rue voisine de la concession
anglaise.
La pagode n’est pas banale. Elle est achevée depuis quelques
années seulement. Son ornementation multicolore a
conservé toute sa fraîcheur. Les bois sculptés, hardiment
découpés, non sans élégance, sont encore intacts; chose
d’autant plus rare que les Chinois ont moins l’habitude d’entretenir
leurs monuments. Un beau travail de patience, c’est
la tour à sept étages, aux dentelures multicolores aussi. A
chaque encoignure de ses toits multiples, une clochette de
bronze sonne toute seule, dès que souffle la moindre brise,
grâce à des ailettes qui prolongent le battant à sa partie
inférieure.
Plusieurs fois par jour, les offices appellent les bonzes
dans le temple. La tête rasée, vêtus pour la plupart de
vêtements blancs, ils se tiennent debout, alignés, les yeux
baissés sur leur livre de prières. Leurs chants, psalmodies
lentes et monotones, sont appuyés de temps en temps par
l’éclat discordant du gong ou la résonnance creuse d’un
énorme grelot en bois dur. A ces moments, tous les assistants
s’agenouillent, baisent la terre, et se relèvent, pour
continuer leurs litanies sur le même ton. L ’impression d’ensemble
est lugubre.
Tout près, dans la cuisine, où le riz bout dans d’énormes
marmites, les jeunes bonzes et les novices épluchent les
légumes qui composeront le repas du soir. A la porte,