ancien lieutenant de vaisseau, aujourd’hui capitaine de port
à Pagoda. C’est le second gendre de M. Gourlaouen, un ingénieur
en chef de la marine, M. Doyère, qui dirige actuellement
l’Arsenal (i). Ces braves gens, m’ont accueilli de la
façon la plus cordiale. A Pagoda, le thermomètre marque
35° à l’ombre; mais une bonne petite brise souffle par
intervalles.
L ’amiral Bayle, qui faisait ùne tournée d’inspection,
avait donné rendez-vous ici au croiseur Descartes, chargé
de la surveillance du secteur sud, de Hong-Kong à Fou-
tcheou ou Foochow. C’était la troisième fois que le Descartes
franchissait la barre de Matsu et revoyait la province
dont Fou-tcheou est la capitale, région heureuse où
s’épanouit en ce moment une flore tropicale. Des hautes
montagnes boisées qui surplombent la rivière, descendent
çà et là des cascades, vrais torrents en hiver. Dans les verdoyants
« bosquets » chers aux Chinois, des villas élégantes
sont disséminées. De distance en distance, une pagode dresse
son toit d’autant plus recourbé que l’architecte a plus tenu
à décourager les mauvais génies, amis de la ligne droite.
C’est précisément au pied d’une montagne isolée, surmontée
d’une de ces pagodes, que nous ancrerons bientôt, les
gros navires ne pouvant remonter jusqu’à Fou-tcheou
même, car la rivière Min est large, mais capricieuse, semée
de bancs de sable et d’îles, et nous né verrons pas la grande
cité murée à laquelle on donne 750,000 âmes, ni le grând
pont aux cent arches, dit pont des Dix mille Ages; inais
l’Arsenal et Pagoda sont plus rapprochés, et c’est là notre but.
Nous avons croisé de grandes jonques chargées de bois
de construction, des barques de pêche montées par de
hardis marins qui ne craignent pas de gagner le large et
(1) Depuis, M. Doyère nous a appris la mort de M. Gourlaouen.