reuse fortune qui permit au czarevitch d’échapper ensuite
au sabre d’un Japonais fanatique.
Les concessions anglaise, russe et française sont à l’intérieur
de l’ancienne enceinte chinoise. En continuant au delà,
vers l’Est, on rencontre les concessions allemande et japonaise
: l’allemande, établie ici seulement depuis 1895, est
toute en bureaux et en entrepôts, preuves d’une activité qui
fuit l’éclat; la japonaise a l’air d’un faubourg chinois un
peu mieux tenu, mais n’est pas plus inactive. Ces Japonais
sont gens dont il faut déjà surveiller les progrès, progrès
commerciaux ou politiques. Ils opèrent sur un terrain qu’ils
connaissent à merveille, et leur situation entre leurs voisins
chinois et leurs alliés européens est vraiment privilégiée.
Dans ces promenades le long du bund, il n’est pas rare
de croiser des cavaliers, des charrettes anglaises, d’apercevoir
une redingote consulaire ou la couleur plus vive d’une
robe, consolation des yeux parmi cette majorité de commerçants
et d employés vêtus de khaki. Ces gens vont à leurs
affaires, a leurs visites, ou — le croiriez-vous? — aux
courses. Le champ de courses de Hankéou est aussi fréquente
que la piste d’Auteuil. Eux-mêmes, íes Chinois, très
joueurs, se portent en foule au pari mutuel.
Leur ville, le vieil Hankéou, pris entre le Han et la concession
anglaise, n’est pas si archaïque qu’on pourrait le
croire. En 1898, un incendie l’a ravagée à fond, et il a fallu
en rebâtir la plus grande partie. Plus de dix mille maisons
avaient été la proie des flammes et une énorme quantité
d indigènes, derrière les grilles qui ferment, la nuit, les
quartiers, faute de clefs trouvées à temps, avaient été brûlés
vifs. Vieille ou neuve, elle est chinoisement sale. Malgré sa
très vaste étendue, elle n’est pas fort compliquée, étant composée
de deux rues perpendiculaires au Yang-tse et d’une
série de rues parallèles, qui coupent les deux rues principales
II) Pourtant les Européens n’y peuvent circuler qu’en
chaises à porteurs, car ces rues dallées, mais étroites, sont
encombrées d’immondices, que des pourceaux complaisants
s’efforcent, en vain, de nettoyer sommairement; semées de
flaques d’eau, et noires d’une foule de portefaix, de boutiquiers,
d’artisans, également gênants pour le promeneur, soit
qu’ils flânent, soit qu’ils courent.
Ce pays, d’ailleurs, est le pays des contrastes : voici d’infectes
masures, et voici d’élégantes maisons de thé, entourées
d’un jardin artiflcièl, des clubs de gros commerçants
chinois, des cercles de banquiers, comme le cercle ou se réunissent
les riches banquiers du Chen-si, enfin des pagodes
à l’architecture tourmentée, hérissées de pavillons aux toits
recroquevillés où se suspendent les dragons, peuplées de
dieux qui fixent éternellement leur nombril, centre du monde,
ou brandissent, avec des grimaces qui veulent etre épouvantables,
une forêt de bras armes de coupe-coupe.
De même, parmi les innombrables boutiques qui se répartissent
entre les quartiers, systématiquement, selon la nature
des métiers et des produits, beaucoup sont miserables,
d’autres tirent l’oeil par les couleurs éclatantes de leurs étalages,
et par l’extraordinaire pittoresque de leurs enseignes.
Les enseignes, à elles seules, offriraient la matière d’une
curieuse monographie à qui voudrait définir « 1 âme chinoise
», enfantine et positive. Il en est d absurdes et d exquises
à la fois, oeuvres d’industriels qui seraient des poètes,
étrange combinaison de calcul et de naïveté, d’ironie et de
rêve.
(1) « La ville est construite en forme de triangle aigu ;sur le Yang-tse n'a pas plus d'un mille de longueur, t alan dbiass eq uqeu il are pvoilslee sp"réetseqnude penen pdoainntt ed. e» u(xA mmaiullreys, et demi sur la rive du Han et se termine Quelques notes sur le vort de Hanlteou./