III
AFFLUENTS, MONTAGNES ET LACS
Les principaux affluents du Yang-tse, dans la région supérieure,
sont le Min, le Yar ou Ya-loung-Kiang, le Vou-léang. (D u tre il de
R h in s.) Le principal, pour l’étendue de son bassin (plus de 1,000 kilomètres),
est le Ya-loung-Kiang, dont }es sources ne sont pas très éloignées
de celles du Kin-cha-Kiang, et dont le cours est presque parallèle,
à travers les mêmes massifs montagneux du Tibet et du Setchouen.
Il se jette dans le Kin-cha-Kiang peu après que celui-ci,
s étant heurté aux monts du Yunnan, se tourne vers l’est, et il contribue
ainsi puissamment à former le véritable Yang-tse. Déjà pourtant,
à Li-Kiang, le fleuve était large de 200 à 250 mètres. (B onin.)
Mais, à Soui-fou, sa largeur est de 4 à 500 mètres aux basses eaux.
(Mission lyonnaise.)
. C est. a Soui-fou (Su-tcheou) qu’il reçoit le Min, venu des monts
Min-chan (cours de 750 kilomètres) et qui arrose plusieurs villes
importantes, telles que Ouan-hien et Kia-ting (grand marché de la
cire bl&nche, au confluent du Min et du Toung). Il est probable qu’il
faut identifier avec le Min cette rivière' dont parle Marco Polo, « qui
est bien large un mille » : c’est la largeur du Min à son embouchure. Il
traverse la plaine, peuplée de plus de 3 millions d’habitants, où s’élève
Tchen-tou. Les Chinois considèrent le Min comme le fleuve qui leur
appartient le plus en propre ; il coule, en effet, tout entier, dans la
Chine connue e t civilisée et beaucoup y voient, de préférence au Kin-
cha-Kiang, le vrai père du Yang-tse. Son cours est navigable aux
grands navires jusqu’à 20 milles au-dessus du confluent. Plus loin, le
Kia-ling, formé de .3 rivières, qui sort des mêmes montagnes que le
Min, et qui passe à Pao-ning-fou, vient tomber à Tchoung-King, la
métropole industrielle et commerciale du Setchouen, dont il traverse
le populeux faubourg de Kiangpei. Le Wou ou Vou-leang est un
affluent de la rive droite et se jette dans le Yang-tse aü-dessus de
Tchoung-King, à Fou-Tcheou.
La région du Setchouen, qu’arrosent ces fleuves, et dont le relief est
singulièrement tourmenté, est séparée du Tibet par la chaîne des
Yun-ling, et serait fermée de tous côtés par les montagnes, si les
monts que Richthofen appelle Ta-fa-chan n’étaient traversés par
une route étroite, taillée dans le roc à des hauteurs souvent considérables.
Les monts Ta-fa-chan dominent à la fois la vallée du Min
et la vallée du Han, qui est prise entre le Ta-fa-chan et le Tsing-
ling-chan (altitude moyenne 1,800 mètres, d’après Richthofen, 2,000
d’après Armand David), lequel la sépare de la vallée du Hoang-ho.
Ils se rattachent à la chaîne des monts Peï-Ling.
Le Han, qui se jette dans le Yang-tse à Hankéou (bouche du Han),
affluent de rive gauche comme la plupart des précédents, est le principal
affluent du grand fleuve. La superficie de son bassin est d’environ
2,000 kilomètres carrés. Autrefois il s’appelait Hanmien : son
cours et son embouchure ont été souvent modifiés, et le lit actuel
ne date que de la fin du xve siècle. (Thomson.) L’importance de ce
fleuve et de sa vallée vient de ce qu’il sépare à la fois et réunit les
deux bassins des deux grands fleuves. Descendant des montagnes du
Chensi, il traverse une région semée de lacs et forme de nombreux
rapides (360). L’abbé Armand David, dans le Journal de son troisième
voyage, a laissé une relation précise de sa descente du Han,
de Tchen-Kon-Chien à Hankéou. La plaine se rétrécit d’abord de plus
en plus, et les rapides se multiplient, au milieu de roches granitiques;
les collines, plus raides, ont de 4 à 500 mètres. Dans le Hou-pe, où le
Han coule pendant 1,400 kilomètres, de Paï-ho à Hankéou, le lit du
fleuve s’élargit, les rapides se font plus rares ; un pourtant encore
est très dangereux. Collines basses, dont la hauteur moyenne est de
100 mètres. A partir de Yun-yang-fou, collines plus hautes, nouveaux
rapides, descente plus marquée. A la sortie des monts Lao-ho-keou,
les rives sont plus larges, mais les bas-fonds sablonneux abondent.
Désormais, plus de rapides ni de montagnes ; quelques collines déboisées,
et la plaine basse.
Au confluent du Han, le Yang-tse change de caractère, et devient
vraiment fleuve maritime. A Tchoung-King, il avait 730 mètres de
large aux .hautes eaux. (Mission lyonnaise.) A Hankéou, il a de
1,100 mètres (W. G ill) à une lieue. (Du H AT,d e . ) A la hauteur du
Kiu-Kiang, sa largeur sera de 2 lieues environ. (Le P. M a rtin i
et P a tjth ie r.) Même à Chin-Kiang, où son lit se resserre, il gardera
au moins 1,500 mètres de large. (C o ttea u .) Quant à sa profondeur,
dans la région du haut fleuve déjà elle était considérable.
En face du village de Nanko, « une corde longue de 10 brasses,
munie d’une pierre et jetée au milieu du fleuve, ne rencontra pas
le fond ». (D e C a rn é .) A Outchang, un peu au-dessus de Hankéou,
l’officier anglais John Ward, commandant VActéon, trouve le fleuve
profond de 9 brasses. (D’E sca y ra c.) A ce même endroit, le lieutenant
de vaisseau Trêves note 18 mètres de profondeur, à l’époque des
hautes eaux, et 20 mètres à Hankéou même, 20 encore à Kiu-Kiang
(5 mètres seulement devant le P etit Orphelin), 22 à Nankin. A partir
de Nankin, la profondeur moyenne est de 20 à 30 mètres. Jurien de
la Gravière relève 30 mètres à Chin-Kiang. Elle atteint souvent
40 mètres, et quelquefois, dit-on, 100 mètres.
P ar contre, à partir de Hankéou, la rive gauche s’abaisse et prend
un aspect monotone ; .bien cultivée, elle est plate, sauf aux environs
de la capitale du Ngan-hoeï, Nganking, où la chaîne des Maling, dont
la direction générale est nord-ouest, se rapproche de la côte; là,
derrière une longue lagune parallèle au rivage, on découvre de hautes
montagnes. A part ce relèvement de terrain, on n’a rien à signaler
jusqu’à l’embouchure, sinon le chapelet de lacs du Ngan-hoeï et du
Kiang-sou, le lac Tsao, assez rapproché du fleuve, aveo lequel il