douceur au moyen d’une trappe (i). D’autres deviennent
fous. Sur l’armée de candidats qui va jusqu’au bout des
épreuves, un très petit nombre (142 au dernier concours de
Nankin) a chance d’arriver au mandarinat, globule de
neuvième classe. Ce système progressif de boutons est admirablement
réglé : argent, or travaillé, or simple (lisez : cuivre
argenté, cuivre doré), pierre blanche (jade blanc opaque),
cristal bleu foncé, bleu transparent, corail ciselé, corail rouge
uni, pierre précieuse rouge. Les classes de nos fonctionnaires
ne sont pas moins compliquées, mais sont plus abstraites.
Ici, on les suit des yeux dans leurs avancements, et
l’on peut ainsi proportionner son respect à leur grade.
Mais les « ratés », qui sont innombrables, que deviennent
ils ? Ils retournent aux travaux de la campagne et aux
métiers des villes, si prodigieusement variés en Chine, à
moins qu’ils n’affluent dans les sociétés secrètes, plus nombreuses
encore, et qu’ils n’aillent grossir l’armée des Boxers,
riche en déclassés.
Nous avons contemplé cette vénérable institution du haùt
du pavillon de surveillance, d’où partent, à la façon des
rayons d’une roue, implantés sur le moyeu, les nombreux
couloirs de pierre où les loges de pierre s’alignent. A droite,
nous découvrions la muraille et la porte de la ville tartare;
à gauche, les collines au pied desquelles est le tombeau des
Ming, que nous visiterons bientôt. Le grand amphithéâtre
de la Sorbonne, avec ses tribunes et sa fresque, transporté
dans ce décor, y semblerait misérablement exigu. Mais nous
avons, en France, de quoi nous consoler, car nous jouissons
(1) « A chaque session, plusieurs succombent à la peine,main, devant la dissertation commencée. Mais la vue d else cpaidnacveareus àq ulae lteasn ta pdpea rciotenucrusr reemntpso rdtee nmt onein fsa! it» q(uMe asrtcieml uMleor nln’airedr,e ur des survivants. AuL
’Empire du Milieu.) pEa. sRseerc luless dicta, daauv rceos ntsraanirse ,q quue ’olne sp earucter elsa métuurdaiialnlet se xst’éerni euarpee rpçoouivre yn t.f aiLrea trappe dont parle notre auteur paraît plus simple
aussi de mandarins innombrables, de programmes encyclopédiques
et d’infaillibles examens.
Tout à côté du Kong-Youen, derrière un palais qui appartient
à Li-Hung-Tchang, une petite place nous attire par
le contraste. Une rivière court au fond, le long d’une balustrade
et sous un pont en pierre; des deux côtés, arcs de
triomphe en bois, clochetons à clochettes, maisons de thé
tartares, avec portes rondes, aux fenêtres également arrondies
et oblongues, réjouissent la vue.
Devant une de ces maisons tartares, deux hommes, mis
à la cangue, prennent tranquillement une tasse de thé, avec
la collaboration de mains amies, car le beau de la cangue,
r—— châtiment intermédiaire entre les coups de bambou,
une bagatelle pour un Chinois, et le bannissement, mort
anticipée — c’est que la tête passe seule à travers le trou
de la tablette, et que, celle-ci ayant un mètre de largeur
des deux côtés, les mains s’agiteraient en vain par dessous
sans atteindre à la bouche. Mais les amis sont là, quelquefois
aussi la femme, avec les enfants, le plus petit porté
sur le dos de sa mère, et le riz, le thé sont à la portée des
plus pauvres. Des inscriptions chinoises, sur les bandes de
papier, revêtues d’un beau cachet rouge, qu’on a collées à la
tablette, servent à double fin : elles font l’office de scellés,
car on ne pourrait les rompre sans briser le cachet officiel,
et elles expliquent la nature du forfait, péché véniel quelquefois,
diffamation, obstination à ne pas payer ses dettes :
toutes choses très simples qui, en France, prédestineraient à
la cangue une partie assez notable de la population.
Mais il y a cangue et cangue, comme il y a délit et délit.
Il y a le véritable pilori que connaissaient nos pères, très
pesant de toute façon (le poids varie de cinquante à deux
cents livres), avec cette différence qu’on promène son pilori
par la ville; il y a la cangue à deux trous et à deux patients,