V
LE TOMBEAU DES MING
Hier, j ’ai visité le tombeau des Ming. Nous sommes partis
à neuf heures du matin; en pousse-pousse jusqu’à la grande
porte triomphale; puis, à dos d’ânes. Une heure et demie
d’âne dans les sentiers qui longent la muraille et qui sont
rarement sur un plan horizontal ! Quelquefois les ânes butaient.
Un d’entre nous a fait une superbe culbute près du
mur, mais, par bonheur, dans l’herbe.
On visite de fort près, dans cette excursion, les débris du
palais impérial, ville forte adossée à la muraille orientale.
Il en reste debout quelques murs ruinés, et, aux quatre
points cardinaux, d’admirables portes dont on retrouve,
paraît-il, les fidèles reproductions à l’intérieur de la cité
interdite, à Pékin. Le- lit sinueux d’une petite rivière traverse
ces ruines : elle est encaissée dans des quais de marbre
blanc, enjambée par les arcs de petits ponts de marbre aux
dallés croulantes. Cette rivière minuscule paraît prendre sa
source dans le lac de l’Est, aujourd’hui à peu près desséché,
de l’autre côté de l’enceinte; elle donnait, sans doute, à
l’habitation impériale le double agrément de la promenade
et de la fraîcheur. Mais, que cela ait jamais été comparable
à ce qui a été réalisé depuis dans les palais du Nord, j ’ai
peine à le croire.